Samedi 30 mai 6 30 /05 /Mai 13:21


II


 


 


La casquette bien vissée sur le crâne, bien droit dans son uniforme militaire, mains jointes dans le dos, l’homme, d’un certain âge,
regardait la pluie s’abattre contre les carreaux de sa fenêtre. Par moment, les quatre étoiles, qui indiquaient son haut grade, renvoyaient la lumière des éclairs de l’orage se déchaînant à
l’extérieur, comme une réponse de mise en garde face à l’agression de la Nature.


Silencieux, le regard dur et vif, il se répétait sans cesse tous les noms de codes qui allaient bientôt entrer dans l’Histoire, ainsi que tous les évènements qui l’avaient mené jusque dans ce
bureau, dans une Angleterre déchirée mais toujours aussi droite, aussi fière.


L’opération Fortitude, destinée à intoxiquer les allemands par de fausses informations, semblait être un franc succès : l’ennemi donnait l’impression de croire que la 4ème Armée
britannique (opération Skye) existait réellement et qu’elle était basée à Edimbourg et en Irlande du nord, fictive, destinée à faire croire à un débarquement en Norvège.


L’opération Quicksilver réunissait un groupe d’armées tout aussi irréelles que la première, appelée First United States Army Group. Placée sous le commandement d’un véritable général, Patton,
la
F.U.S.A.G devait laisser penser à un débarquement dans le nord de la France.


L’opération Neptune, quant à elle, regroupait toutes les phases d’assaut de l’opération Overlod : la traversée de la Manche par la plus grande armada de tous les temps, des opérations
aéroportées la nuit précédant le débarquement, des bombardements préparatoires, aériens et navals, sur les défenses côtières allemandes, le parachutage de milliers d’américains et, enfin, le
débarquement des troupes sur les plages normandes, d’Ouest en Est


L’homme, jusqu’alors si droit devant sa fenêtre, sembla se tasser sur lui-même, comme si le poids de toutes les décisions prises et à prendre étaient devenues brusquement trop lourdes à
porter.
Le grand stratège militaire était plongé dans le doute ; la réussite de cette opération d’envergure tenait à s’y peu de détails et ne pouvait se faire qu’en réunissant des conditions
météo
et des coefficients de marées favorables. Ors, le ciel semblait s’être mis du côté allemand. Les trois services météorologiques mis à sa disposition, semblaient pessimistes quant à une bonne
évolution.


-         Si nous
devions reporter à plus tard, avait questionné le général 4 étoiles, à quand nous amène ce plus tard ?


-        La prochaine marée
favorable à l’opération, avait répondu James Stagg (chef météorologue au QG britannique), nous amène au 19 juin.


Le général savait que, plus il attendrait pour lancer la grande contre-offensive, plus les choses deviendraient risquées, hasardeuses. A tout moment, les allemands pouvaient découvrir la
supercherie de Fortitude et déplacer leurs forces, pour le moment stationnées dans le nord de la France, vers la Normandie, y rendant un débarquement naval impossible.


Le général secoua la tête de gauche à droite, espérant y chasser les idées noires qui le gagnait.


Un autre homme, en civil, se trouvait dans la même pièce. Respectant le silence méditatif de son vieil ami, il s’était assis devant le petit bureau et avait lu le message que le général
destinait
à ses troupes.


 


« Soldats, Marins et Aviateurs des Forces Expéditionnaires Alliées !


 


Vous allez vous embarquer pour la Grande croisade, vers ce que nous nous efforçons d’atteindre depuis tant de mois. Les yeux du monde sont fixés sur vous. Les espoirs, les prières de
ceux qui partout aiment la liberté, vous accompagnent. Ensemble avec nos braves alliés et nos frères d’armes sur les  autres fronts, vous allez consommer la destruction de la machine de
guerre Allemande, éliminer la tyrannie nazie sur les peuples opprimés  de l’Europe et assurer notre propre sécurité dans un monde libre.


 


Votre tâche ne sera pas aisée. Votre ennemi est bien entraîné, bien équipé et endurci par maintes batailles. Il se battra furieusement.


 


Mais nous sommes en l’an 1944 ! Bien des choses ont eu lieu depuis les triomphes nazis des années 1940-194141. Les nations alliées ont infligés aux Allemands de grandes défaites
en rase campagne, corps à corps. Notre offensive aérienne a gravement réduit leur puissance aérienne et leur capacité de mener la guerre au sol. La mobilisation de toutes les énergies nous a
donné une supériorité écrasante en armes et munitions de guerre et mis à notre disposition de grandes réserves de combattants bien entraînés. La marée a changé de sens ! Les hommes libres
du
monde, ensemble, marchent à la victoire !


 


J’ai pleine confiance dans votre courage, dans votre passion du devoir et dans votre compétence dans la bataille. Nous n’accepterons rien d’autre que la victoire
totale !


 


Bonne chance ! Et implorons tous la bénédiction de Dieu Tout-Puissant sur cette grande et noble entreprise.


 


Dwight D. Eisenhower »


 


L’homme reposa délicatement la lettre sur le bureau et se leva ; il s’approcha d’Eisenhower, toujours aussi pensif. Il imagina, sans peine, les doutes, les peurs, la douleur qui
traversaient
l’esprit de son ami. Quel que soit la date retenue, tout deux savaient parfaitement que des centaines de millier de soldats, dont beaucoup à peine sortis de leur adolescence, allaient être
envoyés à une mort certaine.


-     Ike, fit l’homme en posant une main sur l’épaule du général, le Tout-Puissant veille sur nous !


-         Dieu
t’entende, mon ami. Dieu t’entende et face que la météo soit avec nous dès demain !


 


Londres, 3 juin 1944


 






III      


 


L'orage qui s’abattait sur la petite ville anglaise de Portland était particulièrement violent, cette nuit-là. Les rafales de vents étaient
impressionnantes, faisant faire des embardées à la jeep et, par instant, la pluie tombait si fort qu’elle en couvrait les grondements du tonnerre ; on aurait presque pu croire que le
Tout-Puissant, là-haut, hurlait sa douleur.


La jeep, portant les signes distinctifs de l’U.S Army, s’arrêta juste à l’entrée de Portland ; le chauffeur se tourna vers sa passagère.


-         Je ne peux
pas aller plus loin, lieutenant, lui dit-il. Même avec ce déluge, on pourrait entendre le bruit du moteur, ou tomber sur une patrouille de la Police Militaire.


-        Je sais, répondit
la jeune femme. Je vous remercie pour les risques que vous avez pris en m’amenant jusqu’ici.


-       Lieutenant, si vous
vous faites prendre, c’est la cours martiale pour vous ; il est encore temps de repartir avec moi. Personne n’a encore dû se rendre compte de votre absence.


Elle connaissait parfaitement les risques encourus pour son acte, mais sa décision était prise et irrévocable ; qu’importe les sanctions, elle devait faire ce qu’elle avait à faire car,
au
plus profond de son être, quelque chose lui disait qu’elle n’en aurait plus jamais l’occasion. Elle déposa un baiser sur la joue de son chauffeur, surpris par ce geste venant d’un officier
supérieur, puis descendit de la jeep et disparut bien vite dans la nuit.


Portland était plongé dans le noir total ; le rideau de pluie était si épais, que le lieutenant Susana Aslan ne voyait pas à plus de deux mètres. Son uniforme n’avait pas mis beaucoup de
temps à se transformer en une véritable éponge gorgée d’eau, tant et si bien que l’eau dégoulinait sur tout son corps, trempant ses sous-vêtements. Elle avait froid ; la plante de ses
pieds
commençait à la faire souffrir, car elle avait retiré ses chaussures pour pouvoir courir plus rapidement et sans bruit. Contrairement à ce qu’elle avait craint, les rues étaient totalement
désertes : pas un seul véhicule de la Police Militaire, pas une seule ronde de soldats ; le mauvais temps avait sans doute poussé tout le monde à rester dans ses quartiers. Ce fut
donc
sans encombre qu’elle arriva à l’entrée du port.


La pluie avait subitement baissée d’intensité, améliorant un peu le champ de vision ; le spectacle qui s’offrait à la jeune femme la fascina littéralement, tant il était dantesque. Dès
qu’un
éclair déchirait le ciel, elle pouvait apercevoir une gigantesque masse sombre et mouvante ; devant elle, se dressait une partie de la plus grosse armada de tous les temps, des navires
ancrés les uns près des autres, tanguant dans un même rythme sous l’effet de la houle apportée par la tempête qui faisait rage au large. Ce n’était pourtant pas la première fois qu’elle se
rendait ici, mais de nuit, plus particulièrement ce soir, la vision lui glaçait un peu plus le sang.


Un coup de tonnerre, plus fort que les précédents, la fit sursauter ; la foudre avait dû s’abattre tout près d’ici. Elle reprit son chemin, se faufilant prudemment entre les grosses
caisses
de bois qui jalonnaient le port, à la recherche d’un nom bien précis. L’inquiétude l’a gagna un instant : et si le navire n’était pas amarré au port, mais ancré au large ? Non, cela
ne
pouvait pas se faire, cela ne pouvait pas finir ainsi !


Après de longues minutes qui lui parurent interminables, Susana trouva enfin le nom qu’elle recherchait ; il était bien là, juste devant elle, le HSM Thomas Jefferson. Un soldat, dans
une
guérite, montait la garde en bas de la passerelle menant au navire. Plus elle avançait vers lui, plus elle se rendait compte que ses chances de pouvoir aller au bout étaient minces. Bien sûr,
ce
soldat ne la connaissant pas, il ne pouvait pas savoir qu’elle avait transgressé une règle passible de la cours martiale, mais, en supposant qu’elle arrive à le convaincre, combien de chance
avait-il de retrouver un homme parmi des milliers d’autres embarqués sur ce transporteur de troupes ? Cette idée lui serra le cœur.


D’abord incrédule devant cette forme féminine totalement trempée, puis surpris par le grade affiché sur l’uniforme, le soldat se mit au garde-à-vous. Lorsque Susana lui expliqua ce
qu’elle
faisait là, qu’elle le supplia de tout tenter pour trouver son fiancé qui était à bord, il se dit qu’il avait devant lui le plus bel ange que la terre ait jamais porté.


-       Savez-vous à quelle
compagnie appartient votre Jack Porter ? demanda-t-il.


-       A la
29ème division.


Le soldat fut parcouru de frissons ; avec la Big Red One, les hommes de la 29ème seraient les premiers à débarquer sur la plage d’Omaha Beach, les premiers, sans doute, à tomber
sur le champ d’honneur. Il ne savait pas encore où trouver Jack Porter, mais il savait où se trouvaient les gars de la 29ème. Il fit entrer la jeune femme dans la guérite et gravit la
passerelle qui menait au pont principal du navire, priant que personne ne s’aperçoive qu’il avait quitté son poste.


Provisoirement à l’abri de la pluie, Susana ne quittait pas le haut de la passerelle du regard, depuis la petite fenêtre taillée dans la guérite .Elle ressentait de plus en plus l’effet
du
froid qui engourdissait ses muscles ; elle avait remis ses chaussures, mais ses pieds, martyrisés par les petites pierres, la faisait souffrir. Pourtant, elle ne fléchirait pas, tout à
fait
décidée à aller en personne sur le navire, si jamais le soldat ne trouvait pas Jack.


Les minutes passèrent sans qu’aucune forme humaine ne réapparaisse en haut de la passerelle. Pour tenter de tromper le temps, Susana se repassa le film de ses quatre dernières heures.


Femme de terrain, reconnue par ses pairs pour son courage, sa détermination et son intelligence, Susana avait été choisie pour intégrer le programme COSSAC, organisation chargée
de monter une opération de débarquement en Europe. Elle avait hésité un long moment, l’idée de s’enfermer dans un bureau ne la motivant guère, mais le colonel Thompson avait su se montrer
persuasif, lui expliquant en détail quelle serait sa nouvelle mission : d’une militaire se battant au grand jour, il lui était proposé de combattre dans l’ombre en intégrant un service
de
renseignements. Tactiques et mensonges prendraient la place de la poudre, se devant être encore plus efficaces qu’une arme à feu. Susana, comprenant l’importance capitale de ce type de guerre
secrète, avait fini par être séduite et avait accepté la proposition.


La jeune femme se fit très rapidement aux rouages du contre-espionnage, trouvant même un certain plaisir à baigner dans le secret défense. Puis, lorsque les premières troupes militaires
commencèrent à se rassembler en Angleterre, elle fit la connaissance de Jack Porter ; le coup de foudre fut immédiat, un amour comme en rêve les jeunes filles attendant leur prince
charmant.


Susana avait toujours su faire la part des choses, ne dévoilant jamais rien de ce qu’elle savait, respectant le silence qui lui imposait  ses fonctions… jusqu’à ce soir.


Les préparatifs, autour du jour J, s’étaient brusquement accélérés ces dernières 24 heures ; malgré les mauvaises conditions météo, la flotte alliée prendrait la mer le 4 juin au matin,
pour
un débarquement en Normandie le 5, à l’aube. Susana l’avait toujours su : aimer un militaire, en tant de guerre, signifiait de ne pas penser à un avenir trop lointain. Mais en apprenant
la
confirmation du départ imminent des navires, elle n’avait pu résister au besoin de revoir Jack, peut-être pour la dernière fois ; elle souhaitait qu’il parte avec une partie d’elle-même.
Elle savait qu’il était inutile de demander une permission, même de quelques, qui lui aurait été refusée, alors elle fit appel à son chauffeur habituel et arriva à le convaincre de la
conduire
jusqu’à Portland, bien consciente du risque qu’elle prenait ; en tant de guerre, un tel acte était comparable à une désertion et pouvait aller jusqu’au peloton d’exécution.


Enfin une ombre apparut sur le haut de la passerelle, suivit de près par une autre ; Susana crut que son cœur allait s’arrêter lorsque, à la lueur d’un éclair, elle reconnut le visage de
son
amoureux. Oublié le froid, oublié la douleur ; elle sortit de la guérite et courut vers Jack, se jeta dans ses bras et laissa enfin éclater les sanglots si longtemps retenus. Il lui prit
tendrement le visage, essaya d’essuyer les larmes à peine distinguables avec la pluie, mais elle arrêta son mouvement et l’embrassa, longuement, fougueusement, un baiser ayant un arrière-goût
d’adieu.


-        Tu es folle, ma
douce. Tu n’aurais jamais dû venir. Si tu te fais prendre…


-         Je m’en
moque, coupa-t-elle. Il fallait que je te voie : Vous allez par…


D’un geste rapide de la main, Jack la fit se taire ; elle risquait la Cour Martiale et ne devait surtout pas aggraver son état en dévoilant des informations tenue secrète.


-       Je ne veux pas que
l’on se quitte ainsi, dit-elle. J’ai une chose à t’offrir ; y-a-t-il un endroit où nous pourrions être seuls ?


Le soldat de garde se rappela à eux en se raclant bruyamment la gorge ; son regard montrait une immense tendresse mêlée à une tristesse tout aussi grande ; lui aussi venait de
comprendre la situation.


-    Lieutenant, dit-il, il y a une
petite remise à deux pas d’ici. Vous ne devriez pas être dérangés.


Il expliqua comment se rendre à cette remise et, pour le remercier, Suzana lui offrit un baiser qui fit rougir le soldat.


 


Il faisait à peine plus sombre dans la remise qu’à l’extérieur, aussi les yeux des deux amoureux s’habituèrent très vite au nouvel
environnement. L’un près de l’autre, ils ne disaient mots, mais un grand dialogue silencieux s’était installé entre eux, une communication par le jeu des regards, des mots visuels que seuls
deux
cœurs battants à l’unisson pouvaient comprendre. Lentement, Susana retira ses vêtements, ne quittant jamais Jack des yeux ; elle voulait être sûre de pouvoir garder, à jamais, le souvenir
de
cette nuit d’orage. Une fois nue, elle s’approcha de lui ; elle n’avait encore jamais fait l’amour, mais elle était sûre que son instinct de femme lui dirait quoi faire au bon moment.
Elle
s’empara des lèvres du jeune homme, gouta avidement à la douceur de sa bouche, de sa langue ; elle ressentait déjà les premiers frissons de désir qui s’emparait de tout son être.


A son tour, Jack entreprit de se dévêtir, un peu gauchement tant il était excité. Une fois qu’il fut en tenue d’Adam, Susana s’agenouilla devant lui, promena un doigt sur la verge érigée, sur
le
gland décalotté, avant de  le prendre tout entier dans sa bouche. La fellation était plus ou moins habile, mais les râles de plaisir que poussaient Jack montraient qu’elle était
efficace.
Elle finit par lâcher le pénis et, toujours sans dire un mot, fit s’allonger Jack sur la paille. Elle se positionna au-dessus de lui, commença à frotter son clitoris sur le sexe masculin,
fixant
son amant droit dans les yeux. Elle ne lui avait jamais dit qu’elle était toujours vierge ; Jack n’avait pas encore compris la valeur du cadeau qu’allait lui faire la jeune femme.


Lentement, elle commença à s’empaler sur la verge ; l’hymen se déchira, lui faisant pousser un petit cri ; Jack sentit un liquide chaud couler sur lui et il réalisa aussitôt la
valeur
du  cadeau que lui offrait Susana. Il la serra bien fort dans ses bras alors qu’elle commençait à aller et venir sur son sexe. Au dehors, l’orage s’était arrêté ; peut-être le
Tout-Puissant avait-il décidé de laisser les deux amants profiter pleinement de ce bref instant de bonheur.


Les mains se crispèrent dans le dos de Suzana ; elle comprit que Jack allait bientôt venir ; elle accéléra ses mouvements ; une vague chaude monta en elle, une vague qui la
submergea totalement alors que le sperme de son amant frappa le fond de sa cavité. Ensemble, ils laissèrent exploser leur orgasme ; ensemble, ils crièrent leur plaisir ; ensemble, ils
sanglotèrent ; ensemble, ils crièrent leur douleur.


 


Portland, 3 juin 1944






IV


 


 


Eisenhower écoutait attentivement tout ce qui lui expliquait son chef météo, James Stagg. Il paraissait calme, bien que son visage restait
figé dans une expression grave, la gravité d’un simple homme sur le point de prendre une décision lourde de conséquences, un choix dont, il en avait pleinement conscience, il devrait en
assumer
toutes les retombées, bonnes ou mauvaises.


Stagg était beaucoup plus agité. Il tenait un papier à la main, un document dont il se servait pour tenter de donner du crédit à ses propos. Il savait qu’il était dans le vrai : les
calculs
des deux autres groupes chargés de la météo rejoignaient ses propres conclusions. Lui, seul, pouvait se tromper, mais pas tous.


 Enfin, il se tut et les deux hommes se regardèrent un long moment en silence, comme s’ils cherchaient à lire leurs pensées respectives. Puis, Eisenhower secoua lentement la tête et se
dirigea une nouvelle fois vers sa fenêtre.


Bien qu’ayant baissé d’intensité, la pluie n’avait toujours pas cessé ; la tempête sévissait encore au-dessus de la Manche, semblant décidée à ne pas rendre les armes très facilement.
Pourtant, Stagg lui certifiait qu’il y aurait une accalmie dans la nuit du 5 au 6 juin ; une fenêtre à exploiter ? Il faisait confiance au météorologue. De toute manière, avait-il
réellement le choix ? Reporter les opérations pour le 19 juin, c’était beaucoup trop loin dans le temps. De plus, rien ne garantissait formellement que les conditions météo soient plus
favorables que maintenant.


Le général aux quatre étoiles poussa un profond soupir et se tourna une dernière fois vers Stagg. Ce dernier esquissa un mouvement de la tête, comme pour approuver la décision qu’il devinait.


 


Les yeux fermés, la tête légèrement en arrière, Susana s’abandonnait totalement aux caresses de Jack. Elle avait le souffle court ;
son corps réagissait au moindre effleurement de doigts. Jack posa sa joue contre le pubis de la jeune femme et se régala de l’odeur aphrodisiaque qui se dégageait d’entre les lèvres
humides.
Le jour allait bientôt se lever ; il savait qu’elle allait devoir repartir, mais il voulait la rendre encore heureuse, une fois de plus… une dernière fois.


Susana sursauta lorsque la langue râpeuse lui lécha le clitoris ; elle cambra les reins pour mieux s’offrir au contact et Jack commença alors à bouger la tête de haut en bas. Dans le sens
de
la descente, la pointe de sa langue venait flirter avec l’entrée du vagin, suivit par son nez ; dans le sens de la montée, le nez pénétrait la grotte, aussi loin qu’il le pouvait, avant
de
venir percuter le clitoris, toujours suivi par la pointe de sa langue. Voyant que les hanches de sa douce ondulaient de plus en plus vite, il aspira le bouton gonflé dans sa bouche et le suça
avec passion, délectation, frénésie. Elle chavira totalement dans un nouvel orgasme, perdant le contrôle de ses pensées, de ses paroles, de son corps. Elle agrippa fermement la chevelure de
son
amant et plaqua un peu plus fort la vulve contre sa bouche ; elle ne voulait pas qu’il puisse perdre une seule goutte de la liqueur qui s’en dégageait.


 


Quand la porte de la remise s’ouvrit brusquement, Suzana commençait à peine récouvrer ses esprits. Elle se tourna en sursaut et reconnu le
soldat de la passerelle, accompagné par son chauffeur. Les deux hommes, gênés par les amants en tenue d’Adam et Eve, se mirent dos à eux.


-        Lieutenant,
bredouilla le chauffeur, sans vouloir vous commander, il serait souhaitable que vous vous habilliez le plus rapidement possible.


-         On a
découvert mon absence ? s’enquit la jeune femme.


-         Oui,
lieutenant, mais je vous ai couvert. J’ai expliqué que j’avais dû vous raccompagner à votre appartement pour un problème très… féminin ! Veuillez m’excuser, lieutenant, ajouta-t-il en
rougissant légèrement. On m’a donc donné l’ordre de vous récupérer à votre appartement et de vous conduire aussitôt au QG des opérations, à Londres.


Jack et Susana se regardèrent fixement, comprenant que trop bien ce que signifiait les dernières paroles du chauffeur militaire.  Et au cas où un doute aurait pu subsister, le soldat de
la
passerelle l’aurait chassé définitivement en expliquant à Jack qu’il régnait une forte agitation au port et qu’il était donc préférable qu’il regagne le Thomas Jefferson au plus vite.


Les deux amants se regardèrent à nouveau en silence ; ils sentaient leur cœur se serrer ; le moment tant espéré, mais aussi tant redouté était arrivé.


-       Non, Jack, finit
par dire Susana d’une voix rauque, ce n’est pas un adieu. Arrange-toi comme tu veux, mais je me refuse à ce que notre histoire s’arrête ainsi, ce matin ! Ne me dis pas adieu Jack !


Fondant en larmes, elle se jeta dans ses bras. La gorge noué par l’émotion, Jack dut faire un immense effort pour la séparer de lui.


-         Je t’aime,
ma belle Susana. Je suis certain qu’il ne m’arrivera rien, car je suis protégé par la force de ton amour. Nous allons nous revoir, à Paris, lorsqu’elle sera enfin libérée. Ensemble, nous
irons
visiter ce tas de ferraille qu’on appelle Tour Eiffel… Je t’aime, mon amour !


Jack tourna aussitôt les talons et disparu rapidement, suivi du soldat de la passerelle. Il savait qu’il ne fallait surtout pas qu’il se retourne ou il perdrait alors tout courage ; il
était
heureux que la pluie n’ait pas cessé car, ainsi, ses larmes s’en trouvèrent masquées. Moins de deux heures plus tard, le Thomas Jefferson et toute la flotte d’invasion ancrée à Portland,
appareillaient pour rallier un zone de rencontre, appelée Piccadilly Circus, à 30 kilomètres au sud-est de l’île de Wight.


 


 


Portland, aube du 4 juin 1944
Par laplumeoccitane46 - Publié dans : Les sanglots longs - Communauté : Récits Erotiques X
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