Mardi 12 mai 2 12 /05 /Mai 09:38

Dans une petite clairière, perdue en plein milieu des bois, dix hommes s’activaient à différentes tâches tout autour d’une cabane en bois de taille respectable. Six autres, tapis derrière des bosquets ou allongés dans les hautes herbes, scrutaient les alentours, guettant le moindre mouvement suspect. Aucun d’eux n’était des militaires de métier ; boulanger, forgeron, épicier, tous s’étaient forgés une expérience forcée par les années d’occupation, devenant des terroristes aux yeux de l’occupant, des résistants aux regards des français et demain, ou peut-être dans une semaine, allaient-ils devenir des héros mort pour la France.

Jacques sortit de la cabane ; cet endroit, il le connaissait comme sa poche : avant la guerre, il était garde-champêtre et  avait construit ce refuge de ses propres mains. Il jeta un regard sur le petit sentier en face de lui et commença à se sentir gagner par  la peur ; n’avait-il pas fait une erreur en laissant Hélène se charger seule du transport de deux des hommes les plus activement recherchés ? Etaient-ils tombés sur une patrouille allemande ? Il n’aurait jamais dû lui confier cette mission : il aurait dû s’en charger lui-même !

L’une des sentinelles le fit sursauter : posté à une centaine de mètres dans les fourrés, il venait de signaler l’arrivée d’intrus en imitant le chant du coucou. Après de longues secondes d’incertitude, Jacques éprouva un grand soulagement en reconnaissant la silhouette d’Hélène, suivie d’Hervé et René. Il alla au-devant d’eux, affichant un grand sourire et eut envie de prendre Hélène dans ses bras, de la serrer très fort Mais il se ravisa et salua Hervé en lui donnant une accolade virile.

Je suis heureux de te revoir, fit Hervé d’une voix chargée d’émotion.

-     Moi aussi, mon ami. Tout s’est bien passé ?

-     Juste un petit moment de tension, sur la route.

Jacques jeta un regard interrogateur à Hélène. Voulant dédramatiser la situation, cette dernière lui répondit par un large sourire, lui faisant ainsi comprendre qu’il n’y avait pas lieu d’en faire toute une histoire.

 

Frantz Dietrich arriva à Caen en fin de matinée. Après avoir fait un long rapport sur l’état des fortifications des plages normandes, il prit un bon bain relaxant, puis s’allongea durant trois heures, ordonnant à ce qu’on ne le dérange sous aucun prétexte. A sept heures du soir, après avoir plus somnolé que réellement dormi, il fit appeler sa voiture et demanda au chauffeur de le mener au centre-ville de Caen, chez Françoise Delcourt ; elle célébrait sa 25ème année d’existence et il voulait lui offrir un anniversaire inoubliable.

 

Depuis la fenêtre de sa chambre de bonne, Françoise guettait la voiture de Frantz avec une certaine impatience ; cela faisait plus de deux semaines qu’elle ne l’avait pas revu et le temps lui avait paru une éternité. Elle savait que sa liaison avec un officier allemand était très mal perçue tout autour d’elle et elle n’ignorait pas comment la surnommait la plupart des gens : la catin du boche. Mais elle s’en moquait : elle l’aimait et ce depuis le premier jour où elle l’avait rencontré. Bien sûr, longtemps elle avait tenté de lutter contre cet amour naissant, inconcevable en cette période de conflit, mais le cœur à ses raisons que la raison ignore et par un bel après-midi de l’été 43, ils s’étaient déclarés leurs flammes et elle s’était toute entière offerte à lui.

La traction noire apparut enfin et Françoise se jeta sur son imperméable, descendit les deux étages à une vitesse vertigineuse, pour se jeter dans les bras de Frantz qui l’attendait sous le porche. Ils y échangèrent un long baiser passionné.

-     Tu m’as tellement manqué mon amour !

-     Toi aussi mein liebe, répondit Frantz.

Du coin de l’œil, il vit la concierge, qui les observait depuis sa loge, secouer la tête dans un geste de désapprobation et de dégout. Jusqu’alors, ce genre de réaction l’avait laissé impassible, mais, aujourd’hui, il se sentait de plus en plus inquiet pour la sécurité de la femme qu’il aimait éperdument.

-     Que se passe-t-il Frantz ? demanda Françoise qui avait remarqué la tension soudaine du militaire.

-     Rien, ma douce, ce n’est rien. Allons-nous-en !

Frantz déploya son parapluie et les deux amants maudits se dirigèrent vers la voiture en courant d’un même pas.

-     Où allons-nous ? demanda la jeune femme une fois installée.

-     C’est une surprise, répondit Frantz en souriant.

 

Jacques tira une longue bouffée sur sa cigarette, recrachant lentement la fumée en pointant le regard vers le ciel.  C’était encore une nuit sans étoiles, signe que la masse nuageuse était toujours aussi intense. Pour l’heure, la BBC ne diffusait que ses programmes traditionnels, rien de bien intéressant pour un résistant français. Jacques avait donc décidé de sortir prendre l’air, pour remettre un peu de calme dans son esprit de plus en plus obsédé par son amour pour Hélène. Même devant ses camarades, il avait une envie folle de la prendre dans ses bras, de gouter à nouveau à ses lèvres exquises, de lui crier son amour, mais, comme elle le lui avait si bien rappelé, le moment n’était pas choisi.

La porte de la maisonnette s’ouvrit brusquement ; le cœur joyeux, Jacques se retourna vivement, s’attendant à voir Hélène et il eut du mal à cacher sa déception en voyant Hervé.

-     Il ne fait pas chaud, lui dit ce dernier.

-     En effet, mais il semble que la pluie se soit enfin arrêtée de tomber.

-     C’est vrai. C’est plutôt bon signe. As-tu pensé à ce que tu allais faire si Londres décidait de repousser à cause de la météo ?

-     Non. Et toi ?

-     Moi et mes gars, on a prévu une retraite du côté d’Orléans ; on a un contact là-bas.

Jacques tira une dernière fois sur sa cigarette, avant de l’écraser sous ses pieds.

-    Je ne sais pas pourquoi, dit-il, mais je sais… je sens que tu n’auras pas besoin de cette retraite. Quelque chose me dit qu’ils débarqueront, quelques soient les conditions météo.

 

Françoise et Frantz passèrent deux bonnes heures au restaurant, discutant de tout et de rien, plaisantant et riant à tour de rôle, totalement insouciants ; il n’y avait plus ni allemand ni française, mais simplement un homme et une femme s’aimant d’un amour sincère, passionné, un couple comme tant d’autres, échafaudant des projets d’avenir. Frantz trouvait la jeune femme particulièrement belle ce soir. Elle avait laissé ses cheveux libres de leurs mouvements et il avait l’impression de voir une cascade dorée tomber le long d’un visage illuminé par un regard émeraude fascinant.

Après le dîner, les deux tourtereaux se rendirent dans les appartements militaires de Frantz, un hôtel en sortie de ville réquisitionné par les allemands. Il donna des consignes pour que l’on ne les dérange pas, sauf cas d’extrême urgence, puis, une fois en tête à tête, il ouvrit le tiroir d’un secrétaire et en sortit un coffret en bois verni  qu’il tendit à Françoise.

-     Je te souhaite un joyeux anniversaire, mein liebe.

Surprise, émue, la jeune femme prit le coffret et l’ouvrit d’une main tremblante. Frantz sentit son cœur battre de bonheur en voyant le regard de sa bien aimée s’illuminer encore plus.

 

-     Cette parure de diamants appartenait à la mère de ma grand-mère maternelle, expliqua-t-il sur un ton solennel. Aujourd’hui, si tu le veux bien, elle entre dans ta famille.

Françoise planta un regard humide dans les yeux de Frantz. Elle voulut le remercier, lui dire quelque chose, mais aucun sons ne put sortir de sa gorge, tant l’émotion l’étreignait. Avec une grande tendresse, il récupéra le coffret, le déposa sur un petit bureau et en sortit le collier de diamant serti d’émeraudes. Il écarta la longue chevelure blonde,  accrocha le collier autour du coup de la jeune femme, puis recula de quelques pas pour admirer le résultat.

-    Mein liebe, ce collier n’attendait que toi pour revenir à la vie ! Il faut que tu essayes les boucles d’oreilles à présent !

Françoise se rapprocha de lui, mis ses mains autour de son coup et déposa un baiser au creux de son oreille.

-      Les boucles vont devoir attendre un peu, lui susurra-t-elle.

 

La 5ème Symphonie de Beethoven retentit enfin dans le poste radio ; dans un réflexe commun, tout le monde se rapprocha pour mieux entendre ce qui allait être dit. Hélène vint s’asseoir tout prêt de Jacques et lui prit la main.

« Ici Londres. Les français parlent aux français ».

 

Frantz remonta lentement le long de la jambe de Françoise, alternant caresses et baisers à fleur de peau ; elle frémissait à chacun de ses contacts et, lorsqu’il arriva devant le pubis, il marqua un temps d’arrêt, humant la douce odeur qui en émanait. Elle poussa un soupir d’extase lorsque les doigts de son amant se mirent à fouiller son intimité, la pénétrant avec douceur. Ce faisant, il lui massait le clitoris qui gonfla très vite, se gorgeant de désir.

 En aveugle, elle tendit un bras et arriva à se saisir de ce qu’elle cherchait : la verge de Frantz, longue, bien dure ; elle se mit à la branler tandis que les doigts s’activaient de plus belle dans sa grotte trempé. Frantz se décala un peu sur le côté pour qu’elle puisse mieux atteindre son sexe. 

Elle se mit à onduler, suivant le rythme des doigts experts de son amant ; ses gémissements de plaisirs devinrent des cris de bonheur et la vague se souleva, déferla en elle en la faisant trembler de façons incontrôlées. Elle sentit venir cette étrange sensation, comme une envie d’uriner  un long jet incolore s’éjecta de sa féminité, la faisant hurler deux fois plus fort et emportant tout son corps dans une série de spasmes fulgurants.

Il fallut plusieurs secondes à Françoise pour reprendre ses esprits et son souffle ; Frantz la regardait avec un sourire d’ange, son sexe toujours autant dressé. Elle le fit s’allonger sur le lit, se mit à cheval sur lui et s’empala d’un coup sur sa verge ; à présent, c’était à son tour de mener la danse ; elle voulait le faire jouir, sentir son sperme chaud venir percuter le fond de sa cavité.

Frantz ferma les yeux ; la caverne de sa belle était délicieusement étroite, lui faisant sentir d’autant mieux la pénétration. Elle le chevauchait avec fougue, faisait sortir le membre masculin presque totalement, avant de s’y empaler à nouveau avec force. Bientôt, il commença à sentir les premiers picotements au creux de ses reins ; la grosse veine battit plus fort de long de sa hampe et ses gémissements firent râles ; l’orgasme était tout proche et Françoise le comprit. Elle accéléra donc ses mouvements, sentant une nouvelle vague se former au plus profond de son être. Elle sentit les mains de Frantz se crisper brusquement sur ses hanches ; leurs deux corps se déchainèrent à l’unisson et elle hurla une nouvelle fois de plaisir, tandis qu’il se répandait en elle.

 

 

La main d’Hélène serra un peu plus fort celle de Jacques ; Henry et Hervé se regardèrent, quelques peu incrédules, n’osant croire que ce qu’ils avaient entendu était bien réel.

« Les sanglots longs – Des violons – De l’automne ».

Les vers de Verlaine résonnèrent de longues secondes dans la tête de Jacques, avant qu’il ne réalise enfin la situation.

-    Tu avais raison, finit par lui dire Hélène. Tu avais raison Jacques !

Les sanglots longs, des violons, de l’automne : trois premiers vers qui confirmaient que le débarquement aurait lieu dans le courant de cette même semaine. Les trois suivants donneraient le signal, aux résistants concernés, d’attaquer et détruire les cibles prévues de longues dates : le débarquement s’effectuerait dans les 48 heures.

-    Oui, Hélène, répondit Jacques, j’avais raison.

 

 

4 juin 1944, 11 heures PM.

Par laplumeoccitane46 - Publié dans : Nouvelles en vrac - Communauté : Récits Erotiques X
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