Dimanche 1 mars 7 01 /03 /Mars 14:58


Le mois de mars s’avançait lentement, apportant son lot de surprises météorologique au quotidien ; le printemps avait
entamé son combat face à l’hiver, le repoussant inexorablement à ses frontières et provoquant des cinétiques dans le ciel d’une beauté époustouflante, surtout si l’on se trouvait, tout comme
Eric, dans un paysage montagneux. Les nuages gris se mêlait au bleu azur et offrait une palette de couleur parfois surréaliste, mystérieuse, voire inquiétante par moment ; les hautes
cimes, perdant peu à peu leurs couleurs hivernale, se détachaient étrangement à l’horizon, comme si elles voulaient déchirer le ciel encore menaçant.




 




            Bien que restant concentré au volant de sa voiture,
Eric ne pouvait s’empêcher d’être de plus en plus gagné par la beauté du paysage qui se dressait devant lui, à mesure qu’il approchait de Peñafiel, petite ville de la province
autonome de Castilla y Léon. La forteresse du Xe siècle se dessinait lentement devant lui, force imposante érigée sur un éperon rocheux.







            Il était en Espagne depuis quelques jours déjà, à la fois pour le tourisme et pour son travail : il était en
repérage car il allait situer l’histoire de son prochain roman dans ce pays qu’il connaissait si peu encore et était en quête de lieux à forts caractères, possédant une empreinte ancestrale
très forte. Un de ses amis lui avait parlé de Peñafiel, de sa Plaza del Coso et de l’impressionnant château médiéval de 210 mètres de long. Après avoir vu quelques photos sur une brochure, il
avait senti qu’il pourrait sans doute y trouver le début d’un fil conducteur pour l’histoire qui commençait à germer dans son esprit.




 




            Il était tout juste 10 heures lorsqu’Eric arriva dans ce qui fut autrefois le village de Peñafiel,
aujourd’hui son centre-ville. Les visites du château ne commençant pas avant 11 heures, il décida de marquer une petite halte afin de prendre quelques photos de la Plaza del Coso, d’où, lui
avait-on dit, il y avait une vue superbe sur la forteresse en surplomb.







            Ne trouvant pas de place où se stationner aux abords de la place, il alla se garer sur le parking spécialement aménagé
pour accueillir les touristes ; en cette période peu vacancières, il n’eut que l’embarra du choix : toutes les places étaient vides.




 




            Le fond de l’air était plutôt doux, mais le vent, soufflant par moment en fortes rafales,
apportait une fraîcheur bien prononcée qui vivifiait l’organisme. Il leva les yeux vers la hauteur de l’éperon rocheux et resta un instant contemplatif face à la forteresse. De par sa forme,
elle donnait l’impression d’un immense paquebot échoué, par on ne sait quel sortilège, sur la hauteur d’un haut plateau. Les murailles se découpaient parfaitement bien sous un ciel se chargeant
de nuages allant d’un gris pâle à un noir du plus menaçant.







            Il prit son reflex dans le coffre de sa voiture, effectua quelques réglages et appuya plusieurs fois sur le déclencheur.
Puis, vissant correctement sa casquette en coton beige sur sa tête, il quitta le parking pour se rediriger vers centre-ville Il progressa au travers de ruelles plus ou moins étroites,
regrettant que le soleil ne se fasse pas plus présent pour jouer avec les façades multicolores des petits bâtiments de trois à quatre étages. Du jaune vif au bleu outre-mer, en passant par
différentes teintes de mauve, chaque mur avait sa propre couleur, comme s’ils répondaient à un code bien précis dont la signification restait une véritable mystère, et le tout s’harmonisait
parfaitement bien en donnant l’impression d’une quiétude au promeneur.







            Pris sous le charme, Eric effectua de nouveaux réglages sur son reflex, en fonction de la luminosité des lieux, et prit
une longue série de clichés, escomptant pouvoir en tirer quelques photos de bonnes factures qu’il pourrait regarder à loisir lorsqu’il entamerait l’écriture de son roman ; cela lui
permettrait de mieux se replonger dans l’ambiance du moment, dans les émotions qui le gagnaient à l’instant même.




 




            Suffisamment grande pour y installer un terrain de football, la Plaza del Coso est un rectangle de
terre, de couleur plus ou moins ocre, enclavé par 48 bâtiments de deux et trois étages dont les façades sont un échantillonnage de différentes teintes de marron, avec, par endroit, quelques
petites touches d’un jaune pâle. A certaines périodes de l’année, comme le dimanche de Pâques et du 14 au 18 août, la place s’habille de barrières de bois pour y accueillir des spectacles de
tauromachie, un vrai pôle d’attraction pour les touristes.







            Eric y déboucha au sortir d’une longue ruelle serpentant entre de petits immeubles. Quelques minutes auparavant, une
immense trouée d’un bleu éclatant s’était opéré dans le ciel Castillan et, à présent, un chaud soleil baignait la place en créant de magnifiques ombres sur certaines façades, ou en accentuant
les couleurs d’autres.







Le viseur de son appareil photo collé à son œil droit, il se mit à photographier tout ce qu’il voyait en changeant régulièrement d’angle de vue, alternant clichés couleurs et noir et
blanc, jusqu’au moment où il trouva enfin la bonne prise de vue.







Posté à un angle de la place, levant les yeux, il aperçut la majestueuse forteresse médiévale se détachant au-dessus des bâtiments. La trouée ne s’était pas encore totalement opérée
au-dessus de l’éperon rocheux ; quelques nuages, allant du gris pâle au blanc, semblaient s’être roulés sur eux-mêmes et donnaient une impression de vague immense prête à s’abattre sur le
château.







Eric s’accroupit et positionna son appareil au plus près du sol en le basculant en mode visée écran. Il ajusta rapidement son cadrage et prit trois clichés en vue montante, englobant à la
fois une grande partie de la place, ainsi que l’éperon rocheux et sa forteresse. Ce fut à ce moment que débarquèrent une dizaine de touristes, accompagnés par un guide espagnol. Désireux de
pouvoir en apprendre un peu plus sur la Plaza del Coso, Eric se mêla discrètement au groupe et tendit l’oreille ; même s’il était loin de maîtriser la langue espagnole, sa compréhension en
était néanmoins suffisante pour suivre un discours qui ne serait pas trop technique.







Dans le groupe se trouvaient deux jeunes femmes, environ la trentaine, qui se parlaient à voix basses en tenant devant leurs yeux une brochure de Peñafiel. La première, mesurant dans les
1m70, arborait une longue chevelure blonde où les rayons du soleil donnaient de beaux reflets, tandis que la seconde, plus petite d’une dizaine de centimètres, avait des cheveux d’un noir
éclatant, coupés en carré légèrement dégradé sur la nuque. Sans vraiment pouvoir s’expliquer pourquoi, Eric se sentit irrésistiblement attiré par cette dernière, au point qu’il finit par ne
plus trop écouter les explications du guide, pour se concentrer sur les détails de l’inconnue.







Il admira un instant le mouvement de ses lèvres fines, au rouge subtil, et les formes harmonieuses de son visage. En dessous d’une petite veste en jean entièrement ouverte, elle portait
un col roulé qui épousait parfaitement les courbes de son buste en laissant deviner une poitrine ferme et généreuse. Une mini-jupe en jean, mais plus claire que la veste, ceignait une taille
gracieuse ; ses jambes étaient gainées dans un nylon légèrement transparent, leurs donnant un teint hâlé, puis disparaissaient, au niveau des genoux, dans des bottes d’un gris clair à
talons hauts.







Faisant mine de prendre des photos des bâtiments, Eric cadra la jeune femme après avoir réglé son reflex en mode portrait et prit rapidement deux clichés. L’inconnue tourna brusquement le
regard vers lui et il sentit son cœur battre soudainement plus vite : l’avait-elle surpris ? Ses yeux ressemblaient à deux perles noires enchâssées dans des écrins en forme d’œil de
biche. Elle se détourna aussi vite qu’elle s’était tournée, replongeant dans sa discussion à voix basses avec son amie.







Poussé par une envie dépassant son entendement, Eric s’approcha des deux femmes jusqu’à sentir les effluves du parfum délicat que portait la brune. Le guide venait de se lancer dans une
explication concernant l’une des particularités des appartements entourant la Plaza del Coso : le droit de fenêtre.







-          Tu comprends de quoi il parle ? demanda
doucement la blonde.




-          Non, répondit la brune tout aussi doucement.
Il parle beaucoup trop vite pour mon espagnol scolaire ! J’ai juste cru comprendre qu’il parlait des fenêtres.







Bien qu’elles s’exprimassent dans un français parfait, Eric comprit rapidement qu’elles n’étaient pas pour autant française au vu de leur accent, une tonalité qu’il reconnut rapidement
pour avoir résidé un temps en Suisse.







-          Les anciens propriétaires, pour les
appartements revendus, ou les propriétaires actuels qui les mettent en location, bénéficient d’un droit de fenêtre et, ce, de génération en génération, expliqua-t-il en s’approchant encore plus
des deux femmes pour leur parler, lui aussi, à voix basse. Ils utilisent ce droit lors des manifestations de tauromachie qui ont lieu sur cette place.







Les deux amies dévisagèrent le nouveau venu avec curiosité et Eric finit par se sentir très gêné par l’impudence dont il venait de faire preuve en s’immisçant dans une conversation à
laquelle il n’avait pas été invité.







-          Ne croyez surtout pas que je vous
espionnais, mesdames, dit-il sur un ton d’excuse, mais j’ai entendu votre interrogation et…




-          Mais vous n’avez pas à vous justifier,
répondit la brune en le gratifiant d’un grand sourire. Au contraire, nous vous remercions pour nous apporter vos lumières !




-          L’idée que des gens puissent encore éprouver
du plaisir à des spectacles de mise à mort me glace le sang ! ajouta la blonde.




-          Dans ce cas, je puis vous rassurer : il
n’y a plus aucune mise à mort de taureau dans les corridas données ici.




-          A n’en pas douter, vous êtes français,
reprit la brune. Vous vous êtes installé dans la région, ou bien êtes-vous parfaitement bilingue ?




-          Ni l’un, ni l’autre. J’ai juste parcouru
quelques brochures touristiques !







La brune avait du mal à soutenir le regard de son interlocuteur. Physiquement, il n’était pas à proprement dit un bel homme, mais il se dégageait de lui quelque chose qui ne la laissait
pas indifférente. De plus, même s’il parlait à mi-voix, son timbre grave donnait une chaleur qui lui procura quelques frissons agréables.







-          Cette place est magnifique, dit-elle en
jetant un regard circulaire.




-          Si je puis me permettre, il n’y a pas que la
place qui est belle à cet instant même.




-          Vous parlez du château ?




-          Non, madame, répondit Eric en plantant son
regard dans celui de la jeune femme.







Comprenant subitement l’allusion, la brune piqua un petit fard, tandis que son amie, placée dans le dos d’Eric, lui décocha un clin d’œil complice, comprenant bien que l’inconnu lui
plaisait.







-          Après l’indiscrétion, voilà que je dois vous
paraître un vil dragueur, reprit Eric à nouveau gêné par une hardiesse qu’il n’arrivait pas à s’expliquer.




-          Du tout, répondit la brune dans un large
sourire. En revanche, je pense que vous êtes un flatteur !... Je m’appelle Virginie et voici Magalie, ma seule et véritable amie, presqu’une sœur pour moi.




-          Ravi de faire votre connaissance, mesdames,
répondit Eric en affichant à son tour un grand sourire. Je m’appelle Eric, ajouta-t-il en effectuant une petite révérence pour accentuer son salut.




-          Un enchantement que de faire votre
connaissance, monsieur.




-          Vous passez des vacances dans la région, ou
bien naviguez-vous dans tout le pays ? questionna Magalie.




-          Je me contente de parcourir la région de
Castilla y Léon : il y a déjà tant de choses à y voir. Je loue un appartement à Valladolid, à 70 km, environ, d’ici.




-          C’est où nous descendons ce soir !
s’exclama Virginie un peu trop fort au goût de quelques touristes qui se retournèrent sur elle en lui lançant des regards réprobateurs.




-          Je crois que nous sommes en train de gêner
un peu, chuchotant Magalie en étouffant un petit rire.







Le guide haussa soudainement le ton, non pour rappeler le trio à l’ordre, mais plus pour s’assurer de capter l’attention de tout son groupe. Il expliqua, en prenant soin de bien détacher
chaque mot afin d’être compris de tous, que le château allait ouvrir aux visites dans une demi-heure et qu’il était donc temps de rejoindre l’autocar. Il ajouta que, après la visite, tout le
monde aurait quartier libre pour visiter Peñafiel et, ce, jusqu’à 17 heures.







Virginie fit la moue à l’idée de déjà quitter l’inconnu qui les avait abordées. Même si elle ne savait rien de lui, elle ne pouvait occulter le fait qu’elle était bizarrement attirée par
lui, assez, en tout cas, pour souhaiter passer encore un peu de temps en sa compagnie. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait éprouvé un tel désir.







-          Vous restez encore un peu ici ?
demandant Magalie, devinant que son amie brûlait d’envie de poser cette question, mais qu’elle n’osait le faire.




-          Je ne sais pas encore, mais je vais aussi
visiter la forteresse.




-          Dans ce cas, que diriez-vous de nous
retrouver là-haut pour faire cette visite ensemble ?




-          Bien sûr, à condition que votre amie soit
d’accord.




-          Il n’y a rien qui pourrait me faire plus
plaisir ! s’empressa de répondre Virginie. Je suppose que vous êtes en voiture ?




-          Oui. On se retrouve là-haut !




 




Lorsqu’Eric arriva sur le petit parking au pied du château, trois autocars y étaient déjà
stationnés. Il imagina que l’un d’eux, le plus petit des trois, devait être celui qui amenait Virginie et son groupe.




En quittant la Plaza del Coso, il avait remarqué les autocars stationnés en double file à la sortie, tandis qu’il avait dû marcher un peu pour rejoindre sa voiture, ce qui expliquait
qu’il arriva plus tardivement. Il espéra, toutefois, que la première visite n’était pas encore partie ou, tout au moins, que les deux amies se trouvaient toujours à l’accueil du château.







La vue sur les vallées est époustouflante ! pensa-t-il en descendant de sa
voiture. Il hésita un moment entre prendre quelques photos, ou bien se rendre immédiatement à la billetterie, et son envie de retrouver Virginie fut la plus forte.







Il était surpris par ce désir fulgurant qui s’était emparé de lui, pas une simple pulsion sexuelle, mais une véritable envie de passer du temps avec la jeune femme. Pourtant, à la
quarantaine bien sonnante, il pensait avoir passé ce type de coup de cœur d’adolescent. Mais le moment n’était ni aux questionnements, ni aux analyses comportementales. Il prit son appareil
photo et monta prestement les quelques marches qui menaient à l’accueil des visiteurs.




 




Malgré la présence des trois autocars, la billetterie était déserte, preuve que la première
visite du château était partie à l’heure. Le visage empreint d’une certaine déception, Eric jeta un regard dans la salle, tout autour de lui, et ne put réprimer un soupir de soulagement en
apercevant Magalie. Elle se tenait au pied d’un escalier dont une petite pancarte indiquait qu’ils menaient aux toilettes.







-          Vous voilà enfin ! s’exclama-t-elle
tout sourire. Nous commencions à nous demander si nous ne vous avions pas manqué !




-          Ma voiture était garée beaucoup plus loin
que votre autocar, répondit Eric sur un ton d’excuse.




-          Le principal est que nous nous soyons
retrouvés. Virginie est descendue aux toilettes, en me demandant d’épier votre arrivée ; elle m’aurait étripé si je vous avais loupé ! Maintenant que vous êtes là, je vais pouvoir y
aller à mon tour… aux toilettes, je veux dire.




-          J’avais bien compris, s’esclaffa Eric, mais
où est le reste de votre groupe ?




-          Déjà en train de visiter. Comme nous avons
quartier libre, après, nous avons décidé de nous en séparer provisoirement… ce qui va vous obliger à nous ramener, toutes deux, à Peñafiel à l’issue de la visite !




-          Ce sera plus un plaisir qu’une
obligation.




-          Virginie a raison : vous êtes un
charmeur ! Allez prendre votre billet : il y a un prochain départ dans dix minutes pour une visite guidée.




-          Très bien. Je vois que ce château comprend
aussi un musée du vin ; vous avez pris quoi comme option de visite ?




-          Le vin, nous préférons le boire plutôt que
d’en étudier son histoire, tout aussi passionnante soit-elle ! Donc, nous avons juste pris la visite du château.




 




D’épais nuages noirs s’étaient accumulés au-dessus de l’éperon rocheux, plongeant les lieux
dans une pénombre qui contrastait avec la clarté de l’horizon où le ciel conservait un bleu foncé. Les quelques montagnes, débouchant pour la plupart sur des plateaux plus ou moins larges et
longs, semblaient entourées par un fin halo blanchâtre, comme si elles disposaient d’une aura magique soudainement visible à l’œil nu. Les roches, affleurant par endroit, se paraient de
plusieurs teintes et la végétation, encore très clairsemée, commençait à revêtir un vert éclatant.







La visite démarrait sur une grande plateforme située à l’aile arrière de la forteresse, un endroit où la vue s’ouvrait sur un panorama dantesque. La guide espagnole, de petite taille et
d’une quarantaine d’année, laissa quelques minutes aux photographes amateurs, juste le temps de prendre quelques clichés.







-          Vous prenez beaucoup de photos !







Eric abaissa son reflex et plongea son regard dans celui de Virginie dont les yeux noirs semblaient illuminés par des étoiles intérieures.







-          Mais je ne les garderai pas toutes,
répondit-il d’une voix chargée d’une certaine émotion. Voilà pourquoi j’en prends autant : pour être sûr d’avoir LA bonne photo !







Virginie sentit à nouveau des frissons remonter le long de son corps. La seule voix d’Eric lui faisait un effet qu’elle n’avait pas connu depuis fort longtemps, éveillant en elle des
désirs très charnels.







-          C’est donc votre métier ?
demanda-t-elle d’une voix devenue un peu rauque.




-          La photo ? Non, juste une
passion.




-          Et que faites-vous donc dans la
vie ?




-          J’écris.




-          Vous écrivez ?




-          Oui, des romans.







Sa curiosité piqué à vif, Virginie aurait voulu pouvoir approfondir le sujet, mais la guide appela tout le monde autour d’elle : la véritable visite démarrait, alors que les nuages
noirs commençaient à déverser une pluie fine sur la forteresse. Elle expliqua qu’ils allaient passer le plus clair du temps en intérieur et qu’elle ferait court sur les parties extérieures si
la météo devenait franchement désagréable. Une rafale de vent, plus violente que les précédentes, salua ses dernières paroles et Virginie, sans réfléchir, sauta sur l’occasion pour se serrer
contre Eric en faisant mine de vouloir se mettre à l’abri du vent. Dans un réflexe presque naturel, ce dernier passa un bras autour des épaules de la jeune femme qui appuya aussitôt sa tête
contre sa poitrine. Le parfum qui se dégageait d’elle flatta les narines d’Eric, qui sentit aussitôt son cœur battre plus fort.







Du coin de l’œil, Magalie observait le petit manège de son amie avec un grand sourire de satisfaction : cela faisait bien longtemps qu’elle ne l’avait pas vu aussi détendue et elle
se félicitait de plus en plus d’avoir réussi à la convaincre d’effectuer ce voyage organisé avec elle.




Toutefois, elle se demandait si l’attirance visible qu’elle avait pour cet homme était purement sexuelle ou s’il y avait autre chose de plus profond, ce que l’on appelle communément le
coup de foudre, auquel cas elle espérait qu’elle n’irait pas trop vite dans les étapes, de peur qu’elle ne se brûle les ailes. Mais après l’année noire qu’elle venait de connaître, ses longs
mois de dépression à la suite de son divorce, elle ne se voyait pas lui faire une leçon de prudence, alors qu’elle semblait, enfin, se rouvrir à la vie. La convaincre de venir en Espagne avait
été si ardu…







« D’accord, lui avait-elle finalement dit après de très longues semaines d’insistance, je vais faire ce voyage avec toi et on va s’éclater comme deux folles totalement
dévergondées !




« Qu’entends-tu pas dévergondées ?




« Je parle de sexe ! On va se trouver des mecs bien bâtis et s’adonner aux multiples plaisirs de la chair !




« Ma chérie, avait-elle répondu sans vraiment être convaincue par la sincérité de Virginie, j’en piaffe d’impatience ! »







Mais Virginie n’était pas revenue sur sa décision, si ce n’est sur sa volonté de trouver des hommes bien bâtis. Depuis qu’elles étaient arrivées en Espagne, huit jours auparavant, seule
elle-même s’était ouvertement lâchée sur le sexe, notamment au cours d’une nuit mémorable dans les bras d’un bel hidalgo à Madrid… Et voilà que, à présent, elle retrouvait presque l’amie
qu’elle avait connue il y a bien longtemps, intrépide, charmeuse, fonceuse dès qu’elle trouvait quelque chose l’intéressant. Tant qu’elle n’en tombe pas
amoureuse, pensa-t-elle, tout va bien. Ce qui la surprenait le plus était qu’Eric n’avait rien de l’homme bien bâti dont Virginie, en d’autre
temps, avait toujours raffolé.




Néanmoins, quelque part elle la comprenait : il se dégageait un charme profond de cet inconnu, sans doute en partie dû par son port droit, fier sans être prétentieux, mais aussi en
raison de sa voix grave, chaude, où perçait une pointe d’accent chantonnant ; si Virginie n’était pas partie en chasse la première, elle se serait certainement laissée tenter elle-même,
même si elle avait bien remarqué que, dès le départ, il avait été nettement plus sensible aux charmes de son amie qu’aux siens.







-          Tout va bien Mag ?




-          Oui. Je m’efforce de traduire ce que dit la
guide.




-          Elle parle de l’une des particularités sur
la forme de cette forteresse, expliqua aussitôt Eric. Le château-fort a été bâti en forme de navire, dont la proue, se situant sur l’aile opposée où nous nous trouvons, surplombe une partie de
Peñafiel.




-          Et il y a une raison à cela ? demanda
Virginie.




-          D’après ce que j’ai cru comprendre, il a été
construit en épousant les contours du plateau pour le faire le plus grand possible, d’où cet aspect de navire.







La pluie doubla brusquement d’intensité et la guide estima le moment venu de poursuivre la visite à l’abri des murs épais, une décision qui fut allégrement saluée par tout le
monde.




 




 

Par laplumeoccitane46 - Publié dans : Nouvelles en vrac - Communauté : Récits Erotiques X
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