Dimanche 1 mars 7 01 /03 /Mars 14:55

J’étais rentré dans la chambre de notre hôtel sans faire le moindre bruit ; vu l’heure avancée de la nuit, je savais que j’allais trouver ma moitié dans les bras de Morphée. Le temps de grignoter quelque chose, dans le coin salon/cuisine, et je me décidais à aller me coucher moi aussi, lessivé par une journée de travail un peu trop bien remplie.  J’entrouvris doucement la porte de la chambre et, au moment où j’allais y entrer,  je me retrouvai stoppé net par la vision qui s’offrait à moi.


La fenêtre était grande ouverte, laissant entrer une fraîcheur bienvenue par cette chaude nuit d’été, ainsi qu’un rayon de lune qui, tel un doux projecteur, venait éclairer le lit conjugal. Ce contraste, avec l’obscurité de la chambre, donnait un décor surréaliste ; les cheveux noirs de ma femme semblaient scintiller sous cette lumière. Un petit sourire faisait rayonner son visage et les tétons de sa poitrine pointaient fièrement en direction du ciel. Elle avait rejeté la couverture sur le côté, m'offrant une vue superbe sur l'ensemble de son corps qui avait pris une couleur dorée. Sa culotte redessinait sa vulve en marquant parfaitement les plis de ses grandes lèvres. J'étais fasciné et je sentis des larmes me venir devant la beauté de ce spectacle. 

Sans doute allez-vous me trouver hyper-sensible, mais, après les horreurs de la guerre que j’avais photographiées tout au long de la journée, cette vision érotique entrait en moi comme une grande bouffée d’air pur. Je repartis dans le salon, récupérai un de mes appareils photo, en priant pour qu’aucun nuage ne vienne obscurcir le ciel. Fort heureusement, la nuit était parfaitement claire, étoilée ; s’il n’y avait pas eu le bruit des bombes, dans le lointain, on aurait pu se croire dans un endroit paradisiaque.


Quand je retournai dans la chambre, je trouvai quasiment la même lumière. Je réglai la sensibilité de mon appareil de manière à ne pas avoir à utiliser le flash et je commençai à prendre des clichés. Cela me rappela mes débuts dans le métier de photographe, où, avant de devenir reporter de guerre, je travaillais pour un grand magasine de charme ; en revanche, c’était la toute première fois que je prenais ma femme en photo, qui plus est, à son insu.


Une explosion plus proche de nous, certainement celle d'une roquette, tira ma femme de son sommeil. Elle me regarda un instant avec un air incrédule, se demandant certainement ce que j’étais en train de faire. J’allais lui dire quelque chose, mais, au dernier moment, une voix me dit qu’il fallait que je me taise, que cette dernière explosion n’avait pas tout à fait annulé la magie de cette nuit.

Elle se tourna langoureusement vers moi avec un grand sourire et prit un air provocateur en portant un index à ses lèvres pour mimer une fellation.


         Ma femme avait déjà vu plusieurs des photos que j’avais faites pour le magasine de charme, photos qu’elle trouvait absolument ravissantes, d'un bel érotisme, et elle m’avait souvent demandé d’en faire avec elle.  Mais, le passé étant le passé, j’avais toujours refusé… Ce soir-là, je le regrettais.


Une longue sirène se fit entendre, signifiant l’imminence d’un bombardement aérien sur la ville. Alors que nous aurions dû courir nous mettre dans les abris prévus à cet effet dans l’hôtel, ma femme continua à sucer son index et moi je commençais à prendre mes clichés ; c’était comme si plus rien n’existait tout autour de nous, comme si notre amour allait être plus fort que l’horreur qui allait s’abattre sur la ville.


Je commençais par des gros plans sur son visage ; je fus surpris de voir à quel point elle arrivait à jouer avec l’objectif, le fixant comme un amant qu’elle tentait d’attirer à elle. Puis elle arrêta de regarder dans ma direction, ferma les yeux et ses mains se mirent à descendre le long de son corps, s’attardant un long moment sur sa poitrine, redessinant le contour de ses seins, faisant pointer encore plus ses tétons.


Dans le lointain, on commençait déjà à entendre le bruit sourd des chasseurs-bombardiers venant remplir leur macabre mission. Comme pour étouffer ce bruit, je mis en marche le son de mon appareil afin d’entendre ce vieux cliquetis rassurant à chaque fois que je prenais un cliché. A présent, les deux mains de ma femme s’étaient rejointes au niveau de son intimité, jouant avec le fin tissu blanc, un ou deux doigts venant, comme par accident, flirter avec son bouton d’amour. Sa tête s’était légèrement renversée en arrière ; sa bouche était entrouverte ; elle devenait irrésistible. 


Les premiers tirs de la DCA résonnèrent et déchirèrent la nuit par des éclairs lumineux qui entrèrent jusque dans notre chambre, comme une myriade de flashs multicolores. Les mains de ma femme s’activèrent de plus belle, l’une d’elle écartant la culotte, tandis que l’autre jouait de plus en plus frénétiquement avec son clitoris. Mon expérience de photographe me disait que j’étais en train de faire des clichés d’une beauté incroyable en utilisant les lumières produites par les tirs des batteries anti-aérienne... L’horreur donnant naissance à une féerie érotique… Cette idée me donna des frissons, mais je continuai néanmoins, pris dans un jeu que, ni l’un ni l’autre, n’avions le pouvoir d’arrêter.


J’entendis les premiers râles de plaisir de ma femme, tandis qu'elle avait plongé deux doigts dans son intimité. Elle avait rejeté sa tête  en arrière. Son visage affichait des rides de plaisir et ses hanches ondulèrent au rythme imprimé par ses doigts. 


Son plaisir atteignit son paroxysme en même temps que les premières bombes s’abattaient sur la ville. Son corps se déchaîna brusquement et ses cris couvrirent presque les explosions qui se rapprochaient de nous.


Au milieu de l’horreur d'une guerre, une femme se laissait emporter par un violent orgasme, que j'immortalisais à jamais. De longs jet incolores s’échappèrent de son antre et son corps fut secoué par une longue série de spasmes.


Quelqu’un frappa à la porte avec une grande fermeté. C’était la sécurité militaire de l’hôtel qui nous intimait l’ordre de gagner immédiatement les abris. Ma femme et moi nous échangeâmes un regard tendre et complice et c’est d’une voix rauque que je criais :


               - On arrive tout de suite !

Par laplumeoccitane46 - Publié dans : Nouvelles en vrac
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