Lundi 29 juin 1 29 /06 /Juin 15:19

VII

 

La nuit s’avéra particulièrement longue pour le petit groupe de résistants. Beaucoup ne dormirent pas, ou alors très peu, certains de tours de garde qu’ils avaient indéfiniment prolongés, d’autre parce qu’il avait été tout simplement impossible de ramener assez de calme en eux pour pouvoir fermer l’œil. Tous savaient ce que signifiaient les vers de Verlaine ; tous avaient compris qu’un orage d’une violence insoupçonné était sur le point de s’abattre sur l’Allemagne Nazi et que, dans son sillage, il emporterait aussi beaucoup d’innocents. Le sang allait couler en torrent, des frères d’armes, des frères de sang allaient tomber que les champs de batailles, mais tous s’étaient fait à cette idée, car tous savaient que tel était le prix de la liberté.

 Jacques, son frère, Hervé et René s’étaient succédés toute la nuit pour rester à l’écoute permanente de la BBC. Depuis le passage du message porteur de tant d’espoir, il avait été décidé de ne plus éteindre la radio, même si Londres diffusait toujours à des horaires très précis, par crainte de rater les trois vers suivants, ceux qui donneraient le signal de la grande offensive.

Au petit matin, beaucoup auraient voulu prendre un bon café bien chaud. S’il ne pleuvait plus, le fond de l’air restait particulièrement frais et très humide et certains hommes, notamment ceux qui avaient passés la nuit dans les bois, avaient les membres glacés. Mais Jacques avait ordonné qu’aucun feu ne soit allumé, même en plein jour.

- La fumée s’insinue partout, avait-il expliqué, même entre les feuilles des arbres les plus touffus. Bien que nous soyons profondémment enfoncés dans les bois,  nous ne pouvons pas nous permettre de prendre le moindre risque !

Malgré un certain désappointement, personne ne songea à discuter la consigne : Jacques était un homme que tous respectaient énormément. A défaut de café, ils contentèrent de thé à l’eau froide.

Le repas, quant à lui, posa beaucoup moins de problème : chacun avait amené du pain, des conserves, du saucisson, le tout volé ou acheté au marché noir. Le pain était relativement dur, mais il calait bien l’estomac.

 

Assis à son bureau de travail, Frantz Dietrich parcourait les différentes dépêches qu’on lui avait remises en début de matinée. Toutes concernaient les différents messages codés diffusés par Londres dans le courant de la nuit et il n’en avait jamais vu autant, ce qui lui fit présager que quelque chose se préparait, quelque chose d’imminent, mais sans pouvoir  dire quoi.

La plupart des généraux allemands étaient convaincus que les alliés débarqueraient dans le Pas-de-Calais, ou bien encore en en Norvège, mais Frantz faisait partie des rares à croire à un débarquement en Normandie. A son idée, c’était somme tout logique : Américains et Anglais avaient fait le nécessaire pour que l’Allemagne porte son regard sur le Pas-de-Calais, l’amenant à y renforcer sa présence militaire au détriment d’autres lieux comme la Normandie. Le Pas-de-Calais était le plus proche des côtes anglaises, mais les plages normandes, malgré les asperges de Rommel, étaient bien plus vulnérables. Etaient-ce de cela dont parlaient tous ces messages étranges ?

« Nous sommes tellement concentrés sur le Pas-de-Calais, pensa-t-il, que nous n’avons quasiment plus aucune force militaire capable de refouler un débarquement ! »

Une dépêche attira son attention plus particulièrement, car il connaissait l’auteur de ces vers, l’un de ses auteurs préférés.

- Les sanglots longs, lut-il à haute voix, des violons de l’automne…

Dans le tas de papier restant, il chercha la suite de ces trois vers, mais ne trouva rien. Il s’enfonça alors dans son fauteuil en cuir et ferma les yeux. Ses pensées s’envolèrent vers cette jeune femme qu’il avait rencontré la veille, Hélène, et il se demanda ce qu’il aurait trouvé s’il avait fait fouiller sa charrette. Des armes ? Sans doute…

- Berce mon cœur d’une langueur monotone, articula-t-il lentement.

 

Malgré le froid, Jacques avait retiré sa veste et retroussé les manches de sa chemise. Armé d’une pelle, il creusait un trou de plus en plus profond, avec un acharnement à toute épreuve. Près de lui, assis sur une souche, Hervé, Henri et Hélène attendaient en silence qu’il eut finit.

La jeune femme ne quittait pas Jacques des yeux ; elle le trouvait soudainement très beau, particulièrement attirant. Son esprit avait beau tenter de la raisonner, son corps tout entier vibrait de plus en plus pour cet homme à qui elle devait tant.

Cette contemplation n’échappa pas à Hervé et cela le plongea dans une certaine méditation. En observant attentivement le jeune femme, tout en se faisant le plus discret possible, il eut la sensation de la voir sous un jour différent, comme si un voile s’écartait de ses yeux.

Depuis que le réseau dont elle avait été membre était tombé, il n’avait jamais été tendre avec elle, ne pouvant s’empêcher de la soupçonner d’être une traitresse à sa patrie, une collabo, à tel point que ses soupçons avaient fini par devenir une intime conviction. Pourtant, aujourd’hui, à cet instant très précis, il percevait une femme sensible, blessée, et dont la grande souffrance était palpable, une âme perdue qui n’avait rien d’une traitresse.

Hélène finit par sentir qu’elle était observée avec insistance. Elle tourna le regard et fixa Hervé avec défit, prête à recevoir la nouvelle pique qu’il allait certainement lui lancer.

- Jacques est un homme bien, vraiment bien.

- Je sais, répondit Hélène, se demandant où il voulait en venir.

- Malgré tout ce qu’il a pu voir, durant ces quatre dernières années, il continue à croire en son prochain, à accorder sa confiance. Il a vraiment un cœur en or.

Indécise sur ce qu’il fallait répondre, Hélène regarda rapidement Henri qui semblait tout aussi perplexe qu’elle-même quant aux propos d’Hervé.

- Il n’est pas comme moi, reprit ce dernier. Eric était plus qu’un simple ami pour moi… Nous avions grandi ensemble… Nous étions comme deux frères.

A l’évocation d’Eric, son fiancé, Hélène sentit sa blessure, encore trop fraîche, se rouvrir violemment. Elle connaissait le lien fusionnel qui unissait les deux hommes et, mieux que quiconque, elle avait compris la douleur d’Hervé, sa colère, sa haine, lorsqu’il eut appris le décès d’Éric. En revanche, lui n’avait jamais été capable de comprendre la sienne, de voir la sincérité de sa peine.

- Cette saleté de guerre a fait de moi une personne à l’opposé de Jacques, continua Hervé, et, sans doute,  à  l’opposé de ce qu’était Eric. Je suis devenu méfiant, acariâtre, incapable de croire ou de faire confiance en qui que ce soit !

- Qu’essaies-tu de me dire, au juste ?

            Un choc métallique se fit entendre. La pelle venait d’heurter quelque chose dans le sol. Henri se leva et rejoignit son frère pour l’aider à dégager, à mains nues, ce qu’ils étaient venus déterrer.

- Je te présente mes excuses, reprit Hervé, pour tout ce que je t’ai dit. Je m’en veux sincèrement. Tu es une femme bien, j’en suis sûr à présent !

            Sans attendre de réponse, Hervé se leva à son tour et alla aider les deux frères à sortir une malle imposante, paraissant bien lourde. Les trois hommes se regardèrent en silence, partageant une même émotion.  

- Tu ne crois pas que les munitions et les explosifs ont pu prendre l’humidité après tout ce temps passé en terre ? demanda Hélène d’une voix tremblante d’émotion.

- Aucun risque, répondit Jacques. C’est du matériel militaire ; la malle est parfaitement étanche. Néanmoins, nous allons tout vérifier avant ce soir.

- Ton frère et moi on va transporter la malle jusqu’à la maison, dit Hervé. Toi, reste avec Hélène : il me semble que vous avez des choses à vous dire.

 

Les hommes de la 82ème et 101ème airborne avaient tous étaient réunis dans un immense hangar. Ils n’avaient eu droit à aucune explication, mais avaient compris que le grand jour était tout proche, et cette conviction se renforça lorsqu’ils aperçurent leurs généraux respectifs, Ridgway et Taylor, debout sur une estrade improvisée.

 Les deux officiers restèrent silencieux un petit moment, observant ces soldats, très jeunes, trop pour la plupart, qui se tenaient au garde à vous devant eux. Ils ressentaient à la fois une grande fierté et une immense tristesse, conscient que  beaucoup d’entre eux ne reverraient jamais le sol américain.

- Repos soldats ! finit par ordonner Taylor. J’ai, entre mes mains, une lettre qui a été rédigée par le général Eisenhower, une lettre destinée à l’ensemble des forces militaires alliées. Voici ce qu’elle dit.

 

Hélène avait pris Jacques par la main et l’avait entrainé à l’écart des autres, dans un sous-bois. Elle n’avait pas prononcé un mot, gardant un visage grave qui commençait à inquiéter fortement Jacques. Qu’avait-elle de si important à lui dire, pour l’amener si loin des autres membres du groupe ? Aurait-elle remarqué quelque chose de suspect chez l’un des gars ?

Hélène arrêta enfin sa marche. Elle planta un regard chargé d’une lourde émotion dans les yeux de Jacques et il comprit alors qu’elle n’avait aucune mauvaise nouvelle à lui annoncer, seulement le besoin de se retrouver seule avec lui. Toujours sans que le moindre mot ne fût échangé, leurs lèvres se trouvèrent et leurs langues se mêlèrent dans un baiser à la hauteur de la passion qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre.

Se laissant emporter par son émotion, tout en continuant à l’embrasser, Jacques enleva la vareuse allemande que portait toujours la jeune femme. Ses mains descendirent lentement le long de son dos, la faisant frissonner malgré le rempart formé par le tissu de la robe. Il se mit à caresser son fessier, à le pétrir ; il mourrait d’envie d’aller plus loin dans son exploration., mais, une fois encore, elle l’arrêta et se recula un peu, le regardant avec des yeux baignés de larmes.

- Promets-moi qu’il ne t’arrivera rien, murmura-t-elle.

- Il ne peut rien m’arriver, temps que je suis avec toi !

            Lui reprenant ses lèvres, elle le fit s’allonger sur le sol, retira sa culotte et vint se placer debout au-dessus de son visage. Elle avait de longues et belles jambes et il sentit le désir augmenter d’un cran en apercevant, tout là-haut, le féminin sacré tant désiré. Lentement, elle s’accroupit, jusqu’à ce que le visage de Jacques disparaisse totalement sous sa jupe. Des picotements remontèrent tout le long de sa colonne vertébrale lorsqu’elle sentit le souffle de son amant à l’entrée de son intimité. Elle ferma alors les yeux et poussa un profond soupir. Elle sentit quelque chose de chaud, humide et légèrement râpeux s’infiltrer entre ses lèvres, lapant le suc qui s’en écoulait, avant de venir butter sur son clitoris. Elle finit par s’asseoir complètement sur ce visage qui faisait monter son désir et ondula des hanches pour mieux s’y frotter.

Elle n’avait jamais connu d’autre homme que son défunt fiancé et la longue abstinence de sexe se faisait ressentir aujourd’hui. Son excitation était particulièrement violente ; une douce chaleur naissait déjà dans son être profond et se répandant, telle une coulée de lave, dans tout son corps. L’orgasme approchait vite, trop vite sans doute, mais elle avait besoin de cette libération. Pourtant, une fraction de seconde avant l’explosion, elle se releva brusquement ; elle ne voulait pas jouir ainsi, seule ; elle voulait que son orgasme se mêle à celui de son amant.

Totalement abandonné aux mains de la jeune femme, Jacques la laissa lui dégrafer sa ceinture et souleva légèrement son bassin pour l’aider à descendre son pantalon et son slip. Il gémit longuement lorsqu’elle s’empala sur sa verge.

Hélène savoura ce contact qu’elle avait presque oublié, arrivant à visualiser le membre, dur et gros, prenant possession de sa demeure intime. Puis elle se mit à danser sur le sexe, allant de gauche à droite, d’avant en arrière, de haut en bas. Par moment, son clitoris frottait agréablement contre les poils pubiens de son amant et la chaleur devint très vite un feu incandescent. Son esprit partit errer dans les méandres du plaisir montant. L’explosion pris naissance au creux de son ventre et l’onde de choc fit raidir tout son corps, au moment même où Jacques se répandait en elle en longs jets puissants. Leurs cris résonnèrent longuement dans la forêt silencieuse.

En sueur, Hélène s’allongea à plat ventre sur Jacques, continuant à le garder en elle. Elle voulait prolonger ce contact le plus longtemps possible. Cette nuit, ou peut-être demain, elle aurait besoin de ce souvenir de ce moment merveilleux pour lui donner le courage, la force nécessaire pour remplir les missions meurtrières à venir.

 

 

Journée du 05 juin 1944

Par laplumeoccitane46 - Publié dans : Les sanglots longs - Communauté : Récits Erotiques X
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