Mardi 16 juin 2 16 /06 /Juin 18:03

VI

           

Dans une petite clairière formant une déchirure au milieu de la forêt, dix hommes s’activaient à différentes tâches tout autour d’une cabane en bois de taille respectable, tandis que six autres, tapis derrière des bosquets ou allongés dans de hautes herbes, scrutaient les alentours, à l’affut du moindre mouvement suspect. Aucun d’eux n’était des militaires de métier. Autrefois boulanger, forgeron ou épicier, ils étaient aujourd’hui des terroristes aux yeux de l’occupant et des résistants aux regards des français. Demain, ou peut-être dans une semaine, ils deviendraient peut-être des héros mort pour la Mère Patrie, des noms que l’on graverait dans le marbre d’une stèle en mémoire des combattants de la liberté.

Jacques  connaissait cet endroit comme sa poche. Avant la guerre, il était garde-champêtre et avait construit ce refuge de ses propres mains. Il était surpris que les allemands n’aient jamais eu l’idée de détruire cette cabane. Au vu des nombreuses battues qu’ils  avaient eu dans ces bois, il ne faisait aucun doute qu’ils avaient découvert ce lieu ; mais, peut-être, avaient-ils estimé qu’il ne présentait aucun intérêt ?

Jacques jeta un regard sur le petit sentier qui s’enfonçait dans l’obscurité du bois, en face de lui, et se sentit gagné par  la peur. Il commençait à se demander s’il n’avait pas fait une erreur en laissant Hélène se charger seule du transport de deux des hommes les plus activement recherchés dans la région. Bien que midi n’eut pas encore sonné, dans son horloge émotionnelle il se faisait tard ; ils auraient déjà dû arriver depuis un moment. Etaient-ils tombés sur une patrouille allemande ? Il n’aurait jamais dû lui confier cette mission : il aurait dû s’en charger lui-même !

L’un des hommes postés en sentinelle le fit sursauter, avant de lui rendre espoir. Placé à une centaine de mètres dans les fourrés, il venait de signaler l’arrivée d’intrus en imitant le chant du coucou. Il y eut quelques secondes d’incertitude, de longues secondes, puis Jacques poussa un grand soupir de soulagement en reconnaissant la silhouette d’Hélène, suivie par celle d’Hervé et René. Il alla au-devant d’eux en arborant un grand sourire et eut envie de prendre Hélène dans ses bras, de la serrer très fort Mais il se ravisa aussitôt et salua Hervé en lui donnant une accolade virile.

-          Je suis heureux de te revoir, fit Hervé d’une voix chargée d’émotion.

-          Moi aussi, mon ami. Tout s’est bien passé ?

-          Juste un petit moment de tension, sur la route.

Jacques jeta un regard interrogateur à Hélène. Voulant dédramatiser la situation, cette dernière lui répondit par un large sourire, lui faisant ainsi comprendre qu’il n’y avait pas lieu d’en faire toute une histoire.

 

Frantz Dietrich était arrivé à Caen en fin de matinée. Après avoir fait un long rapport sur l’état des fortifications des plages normandes, il s’était plongé dans un bon bain relaxant, puis s’était allongé durant trois heures, pour une sieste réparatrice.

A sept heures du soir, après avoir plus somnolé que réellement dormi, il fit appeler sa voiture et demanda au chauffeur de le mener au centre-ville de Caen, chez Françoise Delcourt, la femme dont il était tombé éperdument amoureux. Elle fêtait ses 25 ans et il avait prévu une soirée inoubliable pour l’occasion.

 

Depuis la fenêtre de sa chambre de bonne, Françoise guettait la voiture de Frantz avec une certaine impatience ; cela faisait plus de deux semaines qu’elle ne l’avait pas revu et le temps lui avait paru une éternité. Elle savait que sa liaison avec un officier allemand était très mal perçue tout autour d’elle et elle n’ignorait pas comment la surnommait la plupart des gens : la catin du boche. Mais elle s’en moquait : elle l’aimait et ce depuis le premier jour où elle l’avait rencontré. Bien sûr, elle avait longtemps tenté de lutter contre cet amour naissant, inconcevable en cette période de conflit, mais le cœur à ses raisons que la raison ignore et finit souvent par l’emporter. Par un bel après-midi de l’été 43, ils s’étaient tous deux déclarés leurs flammes et elle s’était toute entière offerte à lui.

La traction noire apparut enfin au coin de la rue. Françoise se jeta sur son imperméable, descendit les deux étages à une vitesse vertigineuse, et atterrit dans les bras de Frantz qui l’attendait sous le porche. Ils y échangèrent un long baiser passionné.

-          Tu m’as tellement manqué mon amour !

-          Toi aussi mein liebe, répondit Frantz.

Du coin de l’œil, il vit la concierge, qui les observait depuis sa loge, secouer la tête dans un geste de désapprobation et de dégout. Jusqu’alors, ce genre de réaction l’avait laissé impassible, mais, aujourd’hui, il était de plus en plus inquiet pour la sécurité de Françoise. Le militaire qu’il était sentait que l’occupation allait bientôt prendre fin, qu’Hitler, et tous ses généraux aussi malades que lui, tiraient leurs dernières cartouches de venin. Que deviendra la jeune femme, livrée à la vindicte populaire, lorsqu’il ne serait plus là pour la protéger ?

-          Que se passe-t-il Frantz ? demanda Françoise qui avait remarqué la tension soudaine du militaire.

-          Rien, ma douce, ce n’est rien. Allons-nous-en !

Frantz déploya son parapluie et les deux amants maudits se dirigèrent vers la voiture en courant d’un même pas.

-          Où allons-nous ? demanda la jeune femme une fois installée.

-          C’est une surprise, répondit Frantz en souriant.

 

Jacques tira une longue bouffée sur sa cigarette et recracha lentement la fumée en pointant le regard vers le ciel.  C’était encore une nuit sans étoiles, signe que la masse nuageuse était toujours aussi intense. Pour l’heure, la BBC ne diffusait que ses programmes traditionnels, rien de bien intéressant pour un résistant français. Jacques avait donc décidé de sortir prendre l’air pour remettre un peu de calme dans son esprit, de plus en plus obsédé par son amour pour Hélène. Même devant ses camarades, il avait une envie folle de la prendre dans ses bras, de gouter à nouveau à ses lèvres exquises, de lui crier son amour. Mais, comme elle le lui avait si bien rappelé, le moment n’était pas choisi.

La porte de la maisonnette s’ouvrit brusquement. Le cœur joyeux, Jacques se retourna vivement, imaginant qu’Hélène, ayant remarqué sa sortie, venait le rejoindre. Il eut du mal à cacher sa déception en voyant Hervé.

-          Il ne fait pas chaud, lui dit ce dernier.

-          En effet, mais il semble que la pluie se soit enfin arrêtée de tomber.

-          C’est vrai. C’est plutôt bon signe. As-tu pensé à ce que tu allais faire si Londres décidait de repousser à cause de la météo ?

-          Non. Et toi ?

-          Moi et mes gars, on a prévu une retraite du côté d’Orléans. On a un contact là-bas.

Jacques tira une dernière fois sur sa cigarette, avant de l’écraser sous ses pieds.

-          Je ne sais pas pourquoi, dit-il, mais je sais… je sens que tu n’auras pas besoin de cette retraite. Quelque chose me dit qu’ils débarqueront, quelques soient les conditions météo.

-          Dieu t’entende.

 

Françoise et Frantz passèrent deux bonnes heures au restaurant, discutant de tout et de rien, plaisantant et riant à tour de rôle, totalement insouciants. Il n’y avait plus ni allemand ni française, mais simplement un homme et une femme s’aimant d’un amour sincère, passionné, un couple comme tant d’autres, échafaudant des projets d’avenir.

Frantz trouvait la jeune femme particulièrement belle ce soir. Elle avait laissé ses cheveux libres de leurs mouvements et il avait l’impression de voir une cascade dorée tomber le long d’un visage, lui-même illuminé par un regard émeraude fascinant.

Après le dîner, les deux tourtereaux se rendirent dans les appartements militaires de Frantz, un hôtel particulier, situé en sortie de ville, réquisitionné par les allemands depuis le début de l’Occupation. Il donna des consignes pour que l’on ne les dérange pas, sauf cas d’extrême urgence, puis, une fois en tête à tête, il ouvrit le tiroir d’un secrétaire et en sortit un coffret en bois verni  qu’il tendit à Françoise.

-          Je te souhaite un joyeux anniversaire, mein liebe.

Surprise, émue, la jeune femme prit le coffret et l’ouvrit d’une main tremblante. Frantz sentit son cœur battre de bonheur en voyant le regard de sa bien-aimée s’éclairer de bonheur.

-          Cette parure de diamants appartenait à la mère de ma grand-mère maternelle, expliqua-t-il sur un ton solennel. Aujourd’hui, si tu le veux bien, elle entre dans ta famille.

Françoise planta ses yeux humides dans ceux de Frantz, submergée par une intense émotion. Elle voulut le remercier, lui dire quelque chose, mais aucun sons ne put sortir de sa gorge.

Avec une grande tendresse, Frantz récupéra le coffret, le posa sur un petit bureau et en sortit le collier de diamant serti d’émeraudes. Il écarta la longue chevelure blonde,  accrocha le collier autour du coup de la jeune femme, puis recula de quelques pas pour admirer le résultat.

-          Mein liebe, ce collier n’attendait que toi pour revenir à la vie ! Il faut que tu essayes les boucles d’oreilles à présent !

Françoise se rapprocha de lui, mis ses mains autour de son coup et déposa un baiser au creux de son oreille.

-          Les boucles vont devoir attendre un peu, lui susurra-t-elle.

 

La 5ème Symphonie de Beethoven retentit enfin dans le poste radio. Dans un réflexe commun, tout le monde se rapprocha pour mieux entendre ce qui allait être dit. Hélène vint s’asseoir tout prêt de Jacques et lui prit la main.

« Ici Londres. Les français parlent aux français ».

 

Frantz remonta lentement le long de la jambe de Françoise, alternant caresses et baisers à fleur de peau. Elle frémissait à chacun de ses contacts et, lorsqu’il arriva devant le pubis, il marqua un temps d’arrêt, humant la douce odeur qui en émanait, fraiche et terriblement enivrante. Il fit glisser ses doigts sur les grandes lèvres et elle poussa un profond soupir lorsqu’il entreprit d’explorer son intimité. Rapidement, le clitoris gonfla, pointant une petite tête chargé de désir.

 Françoise tendit un bras à l’aveugle et arriva à se saisir de ce qu’elle cherchait : la verge de Frantz, longue, bien dure. Elle se mit à la branler tandis que les doigts s’activaient de plus belle dans sa grotte trempée. 

Elle commença à onduler en suivant le rythme des doigts experts de son amant. Ses gémissements de plaisirs devinrent rapidement des cris de bonheur, puis une vague se leva d’entre ses reins et déferla en elle en la faisant trembler de façons incontrôlées. Elle sentit venir cette étrange sensation qu’elle avait appris à connaître, comme une envie d’uriner, une envie incontrôlable, et  un long jet incolore s’éjecta de sa féminité en la faisant hurler deux fois plus fort, emportant tout son corps dans une série de spasmes fulgurants.

Il fallut plusieurs secondes à Françoise pour reprendre ses esprits et son souffle. Frantz la regardait avec un sourire d’ange, son sexe toujours autant dressé. Elle le fit s’allonger sur le lit, se mit à cheval sur lui et s’empala d’un coup sur sa verge ; à présent, c’était à son tour de mener la danse ; elle voulait le faire jouir, sentir son sperme chaud venir percuter le fond de sa cavité.

Frantz ferma les yeux. La caverne de sa belle était délicieusement étroite et lui faisait divinement ressentir les chairs qui s’écartaient sous la pénétration.

Elle le chevaucha avec fougue, faisant sortir le membre masculin presque totalement, avant de s’y empaler à nouveau avec toujours plus de force. Bientôt, il commença à sentir les premiers picotements annonciateurs de la délivrance. Il voulut résister encore un peu, faire durer le plaisir, mais la grosse veine battit plus fort de long de sa hampe et ses gémissements se firent râles.

Sentant l’explosion toute proche, Françoise accéléra ses mouvements, tandis qu’une nouvelle vague se prenait naissance en elle. Elle sentit les mains de Frantz se crisper brusquement sur ses hanches ; leurs deux corps se déchainèrent, plus ou moins à l’unisson, et elle hurla une nouvelle fois de plaisir  à l’instant même où il se répandait en elle.

 

 

La main d’Hélène serra un peu plus fort celle de Jacques. Henry et Hervé se regardèrent ébétés, incrédules, n’osant croire que ce qu’ils avaient entendu était bien réel.

« Les sanglots longs – Des violons – De l’automne ».

Les vers de Verlaine résonnèrent de longues secondes dans la tête de Jacques, avant qu’il ne réalise enfin la situation.

-          Tu avais raison, finit par lui dire Hélène. Tu avais raison Jacques !

Les sanglots longs, des violons, de l’automne… Les trois premiers vers qui confirmaient que le débarquement aurait lieu dans le courant de cette même semaine. Les trois suivants, donneraient aux résistants concernés le signal pour attaquer et détruire des cibles choisies de longues dates.

-     Oui, Hélène, répondit Jacques d’une voix monocorde, j’avais raison.

 

 

 

4 juin 1944, 11 heures PM.

Par laplumeoccitane46 - Publié dans : Les sanglots longs - Communauté : Récits Erotiques X
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