Jeudi 9 avril 4 09 /04 /Avr 18:16

VII

            La scène de crime, cette fois, en était une à n’en pas douter. Elle présentait, toutefois, des allures beaucoup plus calmes, totalement à l’opposées de l’étrange effervescence que Keira avait rencontré dans la maison du député Marques. Pas de journalistes, pas de déballage outrancier de techniciens de la police scientifique et, par-dessus tout, aucun signe visible de la présence du commandant Lemoine ou d’un quelconque autre agent d’INTERPOL. En fait, s’il n’y avait eu les quelques policiers en uniforme pour tenir à distance les inévitables voyeurs, pour la plupart des résidents du quartier, il n’aurait pas été possible de dire qu’il s’était déroulé un évènement grave dans le coin.

En descendant de sa voiture, Keira poussa un petit soupir de soulagement ; elle était beaucoup plus habituée à ce genre de configuration. A peine eut-elle franchi le palier de la maison, qu’elle aperçut Franck, dans l’étroit couloir qui s’ouvrait sur les différentes pièces, en grande discussion avec un lieutenant de police du poste de Provins, un homme qu’elle avait déjà eu l’occasion de croiser à quelques reprises.

Tu en as mis du temps ! s’exclama Franck après avoir pris congé de son interlocuteur.

On est en plein dans les retours de la capitale, répondit Keira, et tout le monde ne conduit pas comme toi ! ajouta-t-elle d’un ton sec. On a quoi, ici ?

On avait, rectifia Franck. L’IML a déjà emporté le corps.

Okay. Fais-moi un topo.

La différence de température entre l’extérieur et Le masque de Titia était saisissante, comme si le club était volontairement surchauffé afin de motiver sa clientèle à se dévêtir au maximum de l’indécence, voire bien au-delà. Du reste, dès que les lourdes portes blindées étaient franchies, on arrivait sur un petit vestibule où se dressait un vestiaire animé par deux jeunes femmes en tenue légère et affriolante. L’une, blonde platine aux cheveux coupés courts, s’occupait de débarrasser le couple qui était entré un peu avant Levallois ; l’autre, brune aux cheveux tombant en cascade ondulante derrière ses épaules fines, adressa un sourire de bienvenue au Premier Ministre. Ce dernier lui répondit dans une espèce de grimace contractée et lui confia son pardessus en alpaga. Il déclina l’offre qui lui était faite de laisser aussi sa veste, malgré l’insistance de l’hôtesse, qui alla jusqu’à lui faire remarquer que la plupart des hommes étaient, tout au plus, en bras de chemise.

C’est la première fois que vous venez, n’est-ce pas ?

Cela se voit tant que ça ?

Pour toute réponse, la jeune femme éclata dans un rire cristallin et lui tendit une petite plaquette numérotée.

Lorsque vous aurez envie de vous mettre plus à l’aise, dit-elle sur un ton caressant, revenez me voir !

Levallois hocha la tête en guise de remerciement et enfouit la plaquette dans l’une des poches de son pantalon. Un instant, il se demanda si la jeune femme savait qui il était, et si d’autres personnes, ici présentes, pouvaient être au courant de sa venue. Instinctivement, il porta une main à son masque pour s’assurer qu’il était bien ajusté sur son visage, puis il s’efforça de chasser les mauvaises pensées de son esprit ; de toute manière, il n’avait pas d’autre choix, pour le moment.

Plantée dans l’encadrement de la porte donnant sur la cuisine, Keira observait le tracé fait à la craie blanche, sur le sol carrelé, des contours morbides délimitant l’endroit exact où avait reposé le corps sans vie de la femme de ménage. Elle était perplexe et essayait de faire le tri dans ses idées. Elle avait religieusement écouté le récit de Franck, avait entendu ses hypothèses, mais elle n’arrivait pas à trouver quoi que ce soit qui puisse être assez instructif pour relier les deux affaires de cette mortelle journée. Le seul point où elle était en accord avec lui était sur le fait que ce meurtre ressemblait bien plus à une exécution qu’à un cambriolage qui aurait mal tourné.

L’IML confirmera que la bonne femme était à genoux, lui avait-il assuré, avant de lui loger une balle dans la nuque, à bout touchant. Un cambrioleur qui pète les plombs n’agirait pas ainsi, pas avec autant de sang-froid !

Il avait raison, elle n’en doutait pas, mais il restait à définir qui aurait pu exécuter, ou faire exécuter, cette pauvre femme et pourquoi.

Dans l’ordre des priorités, le « pourquoi » passait avant tout dans l’esprit de Keira, car ce « pourquoi » pouvait, ou non, établir le lien avec l’affaire Marques. Pour Franck, ce lien semblait être une évidence : la femme de ménage découvre le corps sans vie de Christophe, puis, quelques heures plus tard, elle se fait descendre… La coïncidence était troublante, certes, et Keira savait que, bien qu’il soit un gros con, Franck n’en était pas moins un bon flic ; en tout cas, il pouvait l’être quand il en avait envie. Toutefois, coïncidence et intuition n’étaient pas des éléments suffisant pour avérer un lien.

Franck lui avait fait lire la retranscription du témoignage que la femme de ménage avait fait à la police, mais, là encore, Keira n’avait rien trouvé de réellement parlant, si ce n’est, peut-être, cet homme non identifié qui avait appelé Police Secours.

Ce personnage anonyme, son intuition lui avait soufflé dès le début qu’il n’était pas apparu par hasard, qu’il y avait quelque chose de confus à creuser, certainement une piste à creuser plus en profondeur. A présent, cette même intuition commençait à échafauder une théorie qui pouvait dresser un pont entre les deux affaires.

Très souvent, lorsqu’une personne est témoin d’un évènement assez fort pour heurter violemment sa sensibilité, son subconscient met dans l’ombre certains détails plus ou moins important ; c’est une manière qu’à l’esprit humain de se mettre une barrière de protection. La femme de ménage était tombée sur le corps sans vie d’un jeune homme qu’elle connaissait, attaché à un lit, nu, avec un curieux appareillage à but, vraisemblablement, sexuel. En termes d’évènement pouvant fortement heurter, cette scène entrait dans le critère.

 L’esprit de la femme de ménage avait-il occulté certains détails importants dans son témoignage ? Cela pouvait-être une probabilité à prendre en compte. Ces détails pouvaient-ils avoir finalement conduit à son exécution ? Cela était encore une probabilité à prendre en compte.

Alors, qu’est-ce que t’en penses ?

Keira quitta le monde tortueux de ses pensées et posa un regard las sur Franck.

Qu’il se fait tard, répondit-elle presque à voix basse. J’ai faim et je suis crevée !

Et c’est tout ?

Il n’y a rien que l’on puisse faire de plus, en tout cas, pas ce soir. Rentre chez toi ; il fera peut-être jour demain.

L’ambiance générale qui régnait au sein du club balaya rapidement les nombreux clichés que Levallois s’était fait de ce genre de soirée. Bien sûr, il y avait déjà quelques couples dont les tenues s’étaient fortement allégées et qui s’abandonnaient à des gestuelles caressantes ne laissant planer aucun doute quant à leurs intentions finales, mais il s’était attendu à trouver un véritable festival orgiaque, un amas de chairs grouillant au sol, copulant à l’exagération, le tout sous une lumière tamisée et avec un fond sonore laconique, un peu comme ces bandes musicales sans le moindre intérêt que l’on entend dans les films pornographiques. Finalement, il n’y avait rien de tout cela.

La musique était puissante, sans être assourdissante, et était identique à celle que l’on pouvait entendre dans une quelconque discothèque. Du reste, elle était distribuée par un DJ installé sur un large podium placé en hauteur. Quant aux lumières, elles étaient électriques au-dessus de la grande salle centrale, qui servait de piste de danse, accompagnant, par instant, la rythmique endiablée du son diffusé. Bien sûr, la soirée ne faisait que démarrer et il restait encore beaucoup de temps pour que ce club se transforme en royaume de Sodome, mais, pour l’heure, Levallois avait presque l’impression d’avoir mis les pieds dans une boite parisienne branchée. Toutefois, l’ambiance festive, et quelque peu débridée, ne le mena pas au-delà de la surprise ; il n’était pas ici pour l’amusement, encore moins pour la bagatelle, mais bien par obligation, sur une invitation non désirée et où la menace était à peine voilée.

A l’opposé du point où il se trouvait, Levallois repéra le bar du club, un long et large comptoir en marbre noir, qui formait un L démarrant au pied de la piste de danse, pour se terminer dans un recoin plus sombre, qui donnait sur une autre salle de taille bien plus modeste.

Ne souhaitant pas réellement traverser la piste, il chercha s’il y avait un autre moyen pour rejoindre ce bar et fut vite satisfait : à la sortie du vestibule, deux couloirs, partant chacun d’un côté et plongés dans une lumière beaucoup plus discrète, plus feutrée, contournaient toute la piste centrale. Il jeta un dernier coup d’œil à la brune du vestiaire, puis il prit le couloir  de gauche.

Le couloir était en fait une sorte d’immense corridor bordé d’alcôves meublées de tables basses et de couffins, certainement destinées à celles et ceux qui souhaitaient trouver un peu plus d’intimité, bien qu’intimité ne soit pas le terme le plus approprié à un tel lieu. La plupart de ces nids douillets étaient encore inoccupés, mais Levallois imagina qu’ils ne le resteraient pas longtemps, que ce serait sans doute là que se dérouleraient les scènes orgiaques, dès que la nuit se serait un peu plus avancée.

Le bar était tenu par deux hommes, paraissant sortir tout droit d’une salle de bodybuilding, dont le seul vêtement, à part le masque réglementaire, était un caleçon mi long qui leur collait au corps comme une seconde peau. Levallois s’installa sur l’un des hauts tabourets et commanda un double scotch, puis il se mit à scruter les gens qui se déhanchaient sur la piste de danse, se demandant s’il y en avait qu’il pouvait connaître, peut-être même côtoyer. Mais les visages n’étaient qu’une forêt mouvante de masques de formes et couleurs diverses, et, à part spéculer, voire fantasmer, il lui était totalement impossible de reconnaître qui que ce soit.

Mélissa jeta un dernier regard au reflet que lui renvoyait le miroir de la coiffeuse, puis elle positionna son masque, un large loup taillé dans une dentelle noire opaque, aux contours évasés, qui lui couvrit le visage du haut du front jusqu’à la pointe de son nez fin. Le gris de ses yeux ressortit encore plus, rendant ces derniers plus hypnotiques, même si un voile soucieux troublait le fond de son regard.  

Madame ?

Mélissa se retourna en sursaut. Mickael se tenait dans l’encadrement de la porte, raide comme un piquet, les mains jointes devant lui.

Pardonnez-moi, madame, je ne voulais pas vous faire peur. J’ai frappé, mais vous ne répondiez pas.

Ce n’est rien. J’étais perdue dans mes pensées… Des nouvelles de Liliane ?

Non, pas plus que du flic. J’ai appelé son portable à plusieurs reprises, mais il ne répond pas.

Ce n’est pas normal, murmura Mélissa pour elle-même.

Voulez-vous que j’aille voir ce qu’il se passe chez le flic ?

Mélissa parut hésiter quelques secondes. Florien Lacaze aurait dû arriver avec Liliane voilà une bonne demi-heure maintenant. Ce retard, même s’il n’était pas encore excessif, ne lui semblait pas normal et le fait qu’il ne réponde pas au téléphone l’était encore moins.

Non. J’ignore encore ce qui se trame, mais je préfère te savoir non loin de moi… Notre invité de marque est-il bien arrivé, lui ?

Oui. Il se trouve actuellement au bar. Flore et Christian ne vont plus tarder à entrer en jeu.

Parfait ! Allons voir de quel bois est fait le Premier Ministre de cette grande république !

La solitude expectative de Levallois s’était soudainement vue perturber par l’arrivée d’un couple au bar. La femme, une brune à la coupe tombant en carré à mi- nuque, avait pris place sur un tabouret proche du sien, tandis que l’homme qui l’accompagnait était resté debout, derrière elle, lui susurrant à l’oreille des mots qui la faisait rire à gorge déployée.

Levallois s’intéressa d’un peu plus près à la femme qui, vous l’aurez sans doute compris, se prénommait Flore. Il la détailla très attentivement, impudiquement même, et sans besoin de s’en cacher. C’est là l’un des avantages d’un tel lieu : pouvoir se rincer l’œil sans craindre d’être remis à sa place, dès l’instant, bien entendu, où il n’y avait aucun manque de respect. D’ailleurs, comme pour le mettre totalement à l’aise si besoin était, Flore lui adressa un grand sourire chargé de sous-entendus coquins.

Vêtue d’une courte robe noire, généreusement ouverte dans le dos, Flore avait pris soin d’en écarter les pans en s’installant sur le haut tabouret de bar, de telle sorte qu’elle flottait dans le vide en formant un petit arc-de-cercle qui partait du haut de ses cuisses croisées. Levallois fit glisser son regard sur la courbe d’une fesse qu’il distinguait parfaitement, avant de remonter sur les jambes nues, délicieusement dorées par quelques séances d’UV. Il redescendit ensuite sur les chevilles, fines, qui disparaissaient dans des escarpins noirs, aux semelles d’un rouge évocateur, montés sur des aiguilles d’une taille fort respectable et qui le laissa songeur l’espace d’un court instant.

Evasée dans le bas, la robe se faisait plus moulante passée la taille, marquant des formes généreuses. Sa poitrine, visiblement soutenue par ce seul vêtement, était opulente, mais sans exagération, et avait des tétons bien apparents qui déformaient le tissu noir. Son sourire était éclatant et son nez, bien qu’en partie caché par un masque vénitien, paraissait petit et fin, racé.

Christian se pencha sur la nuque de Flore et se mit à la mordiller en différents endroits. Instinctivement, elle se lova un peu plus contre lui et, dans un même temps, envoya promener sa main derrière elle, à l’aveugle, trouvant très rapidement la bosse qui déformait le pantalon.

Brusquement mal à l’aise en comprenant ce qui allait se passer, Levallois eut envie de quitter le bar, mais quelque chose de bien plus puissant que son sentiment de gêne opérait déjà en lui. Aucun de ses muscles ne répondit à son faux désir de fuir loin de ce couple et il continua à les regarder avec une fascination sans cesse grandissante.

Christian souleva Flore par les hanches et la fit se reculer un peu sur son tabouret, jusqu’à ce qu’elle se trouve avec les fesses dans le vide. La déformation de son pantalon s’était accentuée et Levallois pensa qu’il ne devait porter ni slip, ni caleçon, pour que l’érection soit si visible. Il reporta son attention sur Flore qui, comme si elle avait senti le poids de son regard sur elle, lui adressa un regard brulant. Elle avait les lèvres humides, entr’ouvertes, d’où glissaient le souffle chaud de sa respiration se faisant de plus en plus rapide.

Levallois commençait à avoir chaud, très chaud. Il desserra son nœud de cravate et dégrafa les deux premiers boutons de sa chemise. Flore lui envoya un sourire, avant de brusquement rejeter la tête en arrière en poussant un profond gémissement d’extase. Christian venait de passer une main sous sa robe, faisant rapidement glisser ses longs doigts fins sous le string, pour les infiltrer entre ses grandes lèvres et venir flirter avec son clitoris.

Avec une fascination lubrique, Levallois porta son regard sur cette main qui disparaissait sous le vêtement noir, sur le mouvement lent de l’avant-bras qui faisait onduler les pans de la robe et sur l’arrondi parfait du fessier qui se contractait aléatoirement sous l’effet de la caresse prodiguée. Sans réellement s’en rendre compte, son propre désir, enfermé sous deux couches de tissu, était en train de s’éveiller en humidifiant le coton de son caleçon.

Flore se cambra. Ses doigts se crispèrent sur le rebord du comptoir. Un râle chaud se faufila entre ses lèvres : Christian venait de saisir le clitoris entre deux doigts, fripés par l’abondante cyprine, et l’y faisait rouler sans ménagement. Elle ressentit une envolée piquante dans ses reins et ses hanches se mirent à onduler tel un serpent.

La chaleur était encore montée de plusieurs crans ; Levallois avait un gosier aussi sec que s’il venait de traverser un long désert aride. D’une main trahissant ses émotions, il porta son verre de scotch à ses lèvres, tout en regardant Christian, se tenant parfaitement de profil par rapport à lui, descendre le zip de sa braguette et y plonger sa main pour la ressortir presqu’aussitôt en tenant un sexe parfaitement bien durci par le désir. Il jeta un regard, du coin de l’œil, au Premier Ministre, puis il prit un sachet contenant un préservatif dans le bocal en verre posé sur le comptoir. Levallois était tellement subjugué, qu’il ne se rendit pas compte qu’il était attentivement observé.

En bout du L que formait le bar, une partie où la lumière était beaucoup plus tamisée, Mélissa, devenue Titia, ne quittait plus des yeux la silhouette du Premier Ministre. Elle arborait un petit sourire de satisfaction : comme elle l’avait pressenti, le chasseur ne serait pas difficile à transformer en proie.

Christian avait entièrement déroulé le préservatif le long de sa verge qui semblait avoir encore gagné en volume. De-ci et de-là, le membre était zébré de petites veines boursoufflées, ce qui lui donnait un aspect bosselé, tel un étrange reptile surgit de la préhistoire.

Flore, toujours sur le tabouret, s’était courbée sur le comptoir en s’y appuyant de toute la longueur de ses avant-bras. Les fesses toujours dans le vide, elle attendait que le sexe puissant vienne la transpercer. Son souffle était devenu très rapide, presque haletant, et ses yeux paraissaient convulser sous la force de son excitation.

Christian releva la robe par le bas, ce qui permit à Levallois de pouvoir admirer les grandes lèvres béantes d’où perlaient quelques gouttes d’une rosée bien féminine. Il reposa son verre sur le bar, si nerveusement qu’il en manqua de le renverser. Son gosier lui semblait être pris dans un violent incendie et le scotch ne faisait qu’aggraver cette sensation désagréable.

Flore poussa un cri qui passa largement au-dessus de la musique techno qui baignait la totalité du club. Christian avait placé son gland au bord des grandes lèvres, avant de donner un puissant coup de rein qui l’avait fait s’enfoncer tout d’un coup dans les profondeurs secrètes de sa partenaire, en écartant brutalement et sans ménagement les chairs vaginales. A peine entré jusqu’à la garde, il commença à se retirer avec lenteur, jusqu’à ce que le prépuce ressorte à l’air libre, puis il redonna un nouveau coup de rein, encore plus claquant que le premier, qui souleva Flore de son assise en lui arrachant un autre cri.

Levallois bougea un peu sur son tabouret qui devenait soudainement inconfortable. Ce fut à ce moment qu’il prit conscience de la raideur qui s’était formée entre ses jambes, ce qui lui provoqua un instant de panique. Son regard se mit à scruter différentes parties du plafond à la recherche de caméras : il se trouvait sur les terres de Titia et il savait parfaitement comment cette dernière procédait pour piéger ses victimes. Mais sa recherche s’avéra infructueuse. Si caméras il y avait, elles étaient bien cachées. Il prit alors une profonde inspiration et entreprit de se raisonner. « Ne sois pas stupide ! pensa-t-il. Non seulement tu as toujours tes vêtements, mais, de plus, tu portes un masque ! ».

Son cœur manqua un bond. Il venait de la voir.

Titia s’était déplacée de quelques pas, juste ce qu’il fallait pour se mettre sous une lumière plus prononcée. Elle adressa un petit hochement de tête au Premier Ministre, accompagné d’un grand sourire lumineux.

Levallois ne parvenait pas à détacher son regard de celui de son hôtesse d’un soir. Derrière le masque, il ne voyait que ces deux perles luisantes qui le fixaient, des yeux d’un gris si pur, qu’il se demanda s’ils étaient réels, ou bien s’il s’agissait de lentilles. Quoi qu’il en soit, vrais ou faux, ils avaient un redoutable pouvoir hypnotique. Finalement, ce fut une pression sur sa main droite qui l’arracha à sa contemplation.

Alors que son attention s’était toute portée sur celle qu’il avait deviné être Mélissa Dawson derrière le masque de Titia, Flore avait quitté le tabouret pour se percher sur ses hauts talons aiguilles. Toute la partie de son corps, au-dessus de la taille, était affalée sur le comptoir, secouée par les coups de boutoirs de Christian. Elle avait tourné sa tête sur le côté, de telle sorte que son regard brulant de plaisir coulait sur le Premier Ministre dont elle avait pris la main.

Christian avait troussé la robe au-dessus des hanches de sa cavalière et se déchaînait littéralement en elle en la maintenant fermement par les cuisses. Ses coups de reins retentissaient lourdement contre les fesses de Flore, lui arrachant un enchaînement chaotique de cris, de gémissements et de râles sourds. Levallois navigua du regard entre la femme, si rudement honorée, et la verge, dure, gonflée, aux veines saillantes, qui la pilonnait à une vitesse vertigineuse. Il transpirait à grosses gouttes ; son propre désir était devenu violent, à la limite du supportable.

Christian laissa échapper un long cri guttural et tout son corps fut secoué par un spasme électrique. Il se plaqua contre sa partenaire, enfoncé aussi profondément qu’il lui était possible, légèrement cambré vers l’arrière, et ses testicules libérèrent tout le plaisir qu’ils avaient emmagasiné. Presque dans le même temps, Flore ouvrit grand la bouche pour hurler son orgasme, mais les sons restèrent bloqués au fond de sa gorge. Ses yeux se révulsèrent et ses longs doigts fins serrèrent violemment la main de Levallois, lui labourant la peau jusqu’au sang.

Titia était pleinement satisfaite par ce qu’elle pouvait lire sur le visage, même masqué, du Premier Ministre. Elle devinait son trouble, sa tension, ressentait la violence de son désir, un désir qu’elle allait encore faire monter en puissance, sans lui permettre de l’assouvir. En tout cas, pas ici, pas ce soir.

En partie remise de son orgasme, Flore retira délicatement le préservatif de la verge toujours bien raide. Elle se pencha ensuite sur le gland turgescent et s’appliqua à le nettoyer minutieusement en y faisant glisser goulument sa langue, ce qui occasionna quelques frémissements à son amant. Enfin, elle se redressa, fit face à Levallois et leva le préservatif au-dessus de sa bouche grande ouverte. Sans quitter le Premier Ministre du regard, elle laissa couler le sperme au fond de sa gorge, laissant volontairement quelques gouttes glisser entre les commissures de ses lèvres.

Keira poussa un long soupir de soulagement en refermant la porte de son petit appartement situé à Bussy-St-Georges, à une trentaine de kilomètres de Melun, non loin du parc d’attraction Disneyland. Elle s’y adossa et ferma les yeux pour savourer ce moment de silence total. Elle se sentait incroyablement épuisée, vidée par cette journée qui avait pourtant commencée comme n’importe quelle autre journée, avant de prendre un cours plutôt particulier.

Elle ne savait dire ce qui avait été le plus déroutant pour elle. L’étrange atmosphère qui avait flotté autour du corps de Christophe Marques ? La présence de membres d’INTERPOL ? La surprenante réaction de son patron ? Ou bien le fait d’avoir dû refaire équipe avec son ex petit ami ? Quoi qu’il en soit, c’était bien la conjugaison de tous ces éléments qui la rendait aussi lasse à présent.

J’ai besoin de prendre une bonne douche ! dit-elle tout haut avant de filer dans la salle-de-bain.

L’eau tiède qui coulait le long de ses épaules, de son dos et sur sa poitrine, pour finir par suivre les courbes de ses hanches, procurait une grande sensation de bien-être à Keira, comme si toutes les lourdeurs de la journée s’évacuaient par le siphon du bac de douche. Les jets, fins et puissants, frappaient délicieusement sa peau, en provoquant diverses sensations en fonction de l’inclinaison qu’elle donnait au pommeau qu’elle tenait en main.

Ainsi offerte sous la douche, la beauté de Keira prenait sa réelle dimension, bien loin du flic garçon manqué qu’elle affichait un peu plus tôt. Son corps athlétique était fait de lignes aux courbes presque parfaites, avec une chute de reins qui paraissait adresser deux larges sourires à qui avait la chance de les admirer. Sa poitrine était plutôt petite mais bien ferme et la toison ornant son pubis, finement taillée en triangle, rappelait une pyramide dont l’entrée s’ouvrait sur de petites lèvres.

Curieusement, Keira ne s’était jamais trouvée réellement belle. Pourtant, elle allait bien au-delà de la simple beauté éphémère, celle qui peuple les revue de mode, qui s’étiole sous le poids des années, jusqu’à disparaître totalement. Keira était une de ces femmes dont on aurait dit, dans des temps très anciens, qu’elle avait été bénie des Dieux et qu’elle aurait rendu jalouse Aphrodite.

Elle reposa le pommeau de douche sur son support et prit le gant de toilette qu’elle imbiba généreusement de savon liquide. Elle commença par se frotter la nuque, puis descendit sur ses épaules, passa sous les aisselles parfaitement épilées, avant de se savonner doucement la poitrine. Elle commençait à se sentir bien mieux. Son esprit se libérait. Peu à peu, la lassitude cédait sa place à une certaine légèreté. Elle fit glisser le gant d’un sein à l’autre, une fois, deux fois ; de manière inconsciente, elle bascula d’un banal savonnage en de tendres caresses, tant et si bien que ses tétons finir par réagir, s’érigèrent, durcirent. Son esprit s’enfonçait lentement dans une espèce de brume voluptueuse, tandis que son corps s’éveillait à un subtil plaisir.

Elle finit par abandonner sa poitrine devenue sensible, pour descendre le long de son ventre. Elle s’attarda sur son nombril, faisant glisser le gant dans ses replis, puis reprit sa lente descente en zigzag, allant d’une hanche à l’autre, avant de s’arrêter, un court instant, sur ses poils pubiens. Enfin, elle ouvrit un peu plus ses cuisses et y glissa le gant. La douceur de celui-ci, s’infiltrant entre les fines lèvres, provoqua immédiatement une réaction dans toutes les fibres de son corps, à tel point que sa peau se couvrit rapidement de chair-de-poule. Elle s’adossa à l’une des parois de la douche, ferma les yeux et entreprit de savonner plus fermement son intimité. Sous les passages répétés du gant, le clitoris ne tarda pas à se sortir de son sommeil en dressant vers le délicieux intrus.

Keira joua ainsi durant de longues minutes, à l’écoute des différentes palpitations qui se propageaient en elle en de chaudes ondulations, mais sans jamais les laisser s’emballer, ravie de ce trouble qui l’enveloppait tendrement, mais en y gardant un contrôle parfait. Alors qu’elle sentait le creux de ses reins s’échauffer, elle cessa sa masturbation et emmena le gant se promener le long de ses cuisses, puis de ses mollets ; toute sa lassitude avait définitivement disparue.

Elle laissa tomber le gant à ses pieds et reprit le pommeau de douche. Il lui sembla que les jets d’eau frappaient son corps avec encore plus de bienfaisance que précédemment, certainement parce que son corps était devenu beaucoup plus réactif, bien plus sensible à toutes choses qui pourraient venir le toucher. Sous la pression, de petits paquets de savons laiteux se formèrent, puis entamèrent leurs descentes, plus ou moins rapides, sur des courbes devenues luisantes.

Keira releva ses paupières. Elle ne pouvait le voir, mais ses yeux étaient brillants, brûlants de plaisir. Elle joua à plusieurs reprises avec la distance du pommeau, l’éloignant ou le rapprochant de son corps pour varier les sensations et, lorsque la pluie d’eau glissa entre ses cuisses, s’infiltra entre ses lèvres, sa respiration se coupa une fraction de seconde, puis, lorsqu’elle dirigea les jets afin qu’ils viennent à la rencontre de son clitoris totalement éveillé et devenu hyper sensible, elle laissa échapper un long soupir en se raidissant de la pointe des pieds jusqu’en haut de ses cuisses.

Les jambes bien écartées, le pommeau à présent dirigé vers le haut et à courte distance du féminin sacré, les jets se firent plus efficaces, plus pertinents, projetant le liquide tiède en masses puissantes contre le bouton qui pointait sa tête hors de son cocon. Keira avait l’impression que des centaines de milliers de petits coups de langue venaient l’agacer, à une vitesse dépassant l’entendement. De ce diabolique agacement, naissaient des flammèches qui se propageaient dans ses hanches, pénétraient le creux de ses reins, puis ressortaient au creux de son ventre en de fortes explosions. A leur tour, ces explosions propageaient des ondes de choc dans tout le corps, la faisant trembler et gémir.

 

Elle se sentit brusquement soulevé du sol par une puissance invisible. Elle se dressa sur la pointe des pieds et fut instantanément submergée par l’impressionnante vague qui venait d’éclater dans son ventre. Le raz-de-marée monta rapidement vers sa poitrine, affola son cœur, déforma son visage de plaisir et sortit de sa gorge en des cris qui résonnèrent forts dans la petite salle-de-bain. Une partie de cette même vague rebroussa aussitôt chemin et redescendit rapidement tout son corps, mettant le feu à ses jambes qui en tremblèrent avant de devenir cotonneuses. Keira lâcha le pommeau et se laissa tomber à genoux, le souffle court, les tempes en feu et le corps brûlant. 

Par laplumeoccitane46 - Publié dans : Le masque de Titia - Communauté : Récits Erotiques X
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Roman érotico-sentimental

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